Mariages de saison - Jean-Philippe Blondel
Été 2013. Corentin est vidéaste de mariage durant la belle saison, le restant de l'année, il est surveillant dans un établissement scolaire. Il pratique avec Yvan, son parrain, de 25 ans son aîné.
Corentin a 27 ans, et filmer ces couples du matin au soir le grand jour venu va le conduire à s'interroger sur sa propre vie : il est temps sans doute de choisir son avenir professionnel et affectif.
Cinq mariages (avec une préférence pour le premier et l'insupportable belle-mère) pour explorer la palette intimiste du couple : Blondel est fidèle à lui-même quand il s'agit de parler des relations humaines, de nous parler de nous, tout simplement, et de la vie telle qu'elle est en vrai.
L'ensemble est un brin caustique mais tout en finesse, et tendre à la fois.
J'ai aimé tout particulièrement l'idée de la construction, avec ses insertions de parole donnée aux proches de Corentin face caméra, avec la boucle finale et ce qu'elle dit de l'amitié.
Page 36 : «C'est important une photo de mariage. C'est ce qui restera des années sur le bahut de la salle à manger des beaux-parents et dans le deuxième tiroir du bureau du mari. On la ressortira devant les enfants – la cadette, huit ans, aura des étoiles dans les yeux, l'aîné, quinze, jugera ce cliché terriblement ringard et assommant. La seule personne qui trouvera grâce à ses yeux, sans qu'il ne l'avoue jamais, c'est sa mère – dans cette robe à la couleur crème. Jeune. Il ne comprendra pas pourquoi elle a aimé cet homme, son père, qui paraît tellement quelconque comparé à elle. »
Page 58 : « - à mon mariage, il n'y aura pas tout ce cinéma. On se retrouvera dans une salle, chacun apportera sa spécialité, chacun s'assiéra où il voudra, les amis disc-jockeys se relaieront et on passera notre temps à danser.
- Ce n'est pas un mariage que tu décris, Corentin. C'est juste une fête. Un mariage, ça doit faire plaisir aux deux familles, pas obligatoirement aux mariés.
- C'est une hérésie. »
Blondel a cet art d'écrire si naturellement ce que tout le monde pense tout bas. C'est pour cela qu'on l'aime.
Buchet-Chastel, janvier 2016, 183 pages, prix : 14 €
Étoiles :
Crédit photo couverture : © image source / Corbis et éd. Buchet-Chastel