Les jardins d'Hélène

Havre nuit – Astrid Manfredi

2 Mars 2017, 09:17am

Publié par Laure

Havre nuit - Astrid ManfrediLe soir du 31 décembre, une étudiante rentre au Havre après s’être fâchée avec ses parents. Elle prend un auto-stoppeur sur une aire d’autoroute. Ils s’arrêtent à la fête d’une copine de la conductrice. Puis elle rentre chez elle, seule, complètement ivre. Le lendemain, elle apprend à la télé que la fille de la veille, Estelle, a été assassinée à Deauville. Dans la foule derrière, elle reconnaît son auto-stoppeur.

 

Le roman remonte ensuite le fil des histoires de deux personnages complexes et sombres : Laszlo Kovac, le meurtrier, et Alice Casabelle, la flic.

 

Laszlo n’a été ni désiré ni aimé par sa mère, qui ne s’est jamais remise de la mort de son compagnon, père de Laszlo, qui s’est tué dans un accident de moto, collé à sa maîtresse.

 

Alice, elle, ne s’est jamais remise du suicide de sa mère malade.

 

Les deux se sont rencontrés, auraient pu s’aimer, mais la violence, brute, intérieure et extérieure, en a décidé autrement.

 

Une fois encore, Astrid Manfredi livre un roman noir, dérangeant, qui met en avant ce que la société a de plus sombre. Ses personnages communiquent par meurtres interposés, lesquels sont d’une cruauté rare, esquissée en une ou deux phrases mais lourdes de sens. La folie n’est jamais loin.

 

Dans son premier roman déjà, la petite barbare, c’est son écriture, percutante, qui m’avait accrochée. Ici encore, c’est le style qui attrape, cette deuxième personne qui interpelle, et ce « je » anonyme du départ qui prendra sa place à la fin, ce détachement pour décrire la violence de la société.

 

J’apprends par mon libraire qu’il s’agit en réalité d’une trilogie sur les violences urbaines, dont nous attendons donc le troisième titre. Il en ressort néanmoins ce point commun du travail intéressant sur l’usage de la langue et sur l’analyse pointue de la psychologie des personnages. Si ce deuxième opus m’a moins heurtée que le premier (et au fond j’aime que la littérature dérange), il n’en demeure pas moins qu’Astrid Manfredi a une force rare dans sa façon d’écrire et de mettre en fiction des histoires qui interpellent. Je répondrai donc présente à la sortie de son troisième roman.

 

Ce ne sont pas pour moi des coups de cœur renversants, mais je trouve qu’il y a quelque chose de vraiment intéressant chez cette auteure, qui semble être en train de s’inscrire dans la durée. La construction d’une œuvre qui prendra tout son sens dans son ensemble.

 

 

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Belfond, février 2017, 224 pages, prix : 18 €

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Crédit photo couverture : © Anne Bullat-Piscaglia - ©Photo : Thomas J.Peterson / Getty Images – et éd. Belfond.

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N
Pour retrouver cette écriture, je tenterais bien l'expérience !
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L
Oui, vraiment intéressant dans les points de vue choisis de roman en roman (ainsi que le sujet et la construction). Je ne m'en souviens pas mais le 1er devait être à la première personne, celui-ci est à la seconde, et le 3ème serait à la troisième personne, si j'en crois mon libraire...