Les jardins d'Hélène

Vent mauvais – Cati Baur

3 Novembre 2020, 16:04pm

Publié par Laure

Dans cet album Cati Baur est à la fois au scénario, au dessin et à la couleur.

Béranger est un quadra parisien désabusé et lassé par la vie – son job est en stand-by depuis une quinzaine d’années, l’âge d’or du succès au scénario d’un film populaire est bien derrière lui, et sa femme l’a quitté, lui laissant juste le droit de visite de leurs deux filles, Lison et Violette.

Il rachète alors à bas prix une maison à rénover à la campagne, à une heure trente de Paris, mais située à quelques centaines de mètres à peine d’éoliennes, qui gâchent le paysage et engendrent toutes sortes de troubles auprès des habitants. Mais Béranger ne l’entend pas ainsi, pour lui, cette vue et ce ronronnement incessant sont apaisants. Il se remet au travail et retrouve l’inspiration perdue depuis longtemps.

Autour de lui gravitent les villageois et tout particulièrement Marjolaine, une nana pas comme les autres qui conduit son bibliobus et s’occupe tant bien que mal de ses vieux parents qui ont préféré vendre leurs terres à la compagnie d’électricité qui y a implanté les éoliennes plutôt qu’à un agriculteur du coin.  D’où le ressentiment local. Une nana pas comme les autres parce qu’elle se fiche pas mal de son image, de ses fringues, elle a un vrai contact et une vraie écoute avec les gens qu’elle rencontre.

Marjo et Béranger vont s’apprivoiser, par le biais de parties de Scrabble dont Marjo raffole, entre autres, mais qui vont virer à l’obsession pour le scénariste.

Est-ce que vraiment les éoliennes rendent fou comme tout le monde au village se plait à le dire ? Est-ce que ce n’est pas juste une dépression de milieu de vie qui touche Béranger ?  à moins que ce ne soit les deux ?

J’ai aimé les personnages féminins de cette BD, leur engagement pour une féminité libre (oui on a le droit d’être ronde, de s’habiller « confort » avant tout, de ne pas s’épiler les aisselles et alors ?), la relation entre Marjolaine qui ne veut pas d’enfants mais qui sait bien s’occuper de ceux des autres. Le personnage de Béranger m’a laissée plus indifférente, il est moins « aimable ».

La découpe des cases est classique, avec des doubles pages qui rythment l’avancée des mois et des chapitres, avec toujours un oiseau pleine page, mort, qui scande l’album et ce vent mauvais.

 

L’album est dédié à « toutes les filles un peu bizarres, les pas aimables, les moches, les timides, les fatiguées, les grosses, les cageots, les gentilles, les entêtées, les intellectuelles, les décoiffées, les énervées, les gonflées, les bouffies, les mal fagotées, les résignées, les trop ou les pas assez, les vieilles filles, les petites connes, celles qui ne se sentent jamais à leur place nulle part et celles qui ne veulent pas y rester, à leur place. » Et pour cela, c’est un big up à Cati Baur.

 

 

Rue de Sèvres, juin 2020, 191 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-36981-103-9

 

 

Crédit photo couverture : © Cati Baur et éd. Rue de Sèvres

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