Les jardins d'Hélène

Le chien de Madame Halberstadt - Stéphane Carlier

18 Juillet 2023, 17:04pm

Publié par Laure

Baptiste se morfond dans son appartement : sa compagne l’a quitté pour un dentiste, son troisième roman ne décolle pas (il surveille le classement tous les jours, voire toutes les heures sur Amazon), bref, c’est plutôt la déprime. Mais quand Madame Halberstadt, sa voisine, lui demande de garder Croquette, son carlin (lui qui n’a toujours aimé que les chats) sa vie va tout à coup devenir meilleure…Ce chien aurait-il des pouvoirs insoupçonnés ?

C’est léger, drôle, parfois loufoque, et délicieusement mordant sur la littérature d’aujourd’hui, qui s’observe, tout comme la vie, dans le miroir des algorithmes et des réseaux sociaux.

J’ai passé un vrai bon moment et si j’avais déjà lu du Carlier, il n’avait pas le même prénom. Ce Stéphane a un bon goût de revenez-y 🙂

 

Extraits : 

p. 30 : “Je n’étais pas très chien. Comme beaucoup d’écrivains, j’avais toujours préféré les chats. Ils m’avaient longtemps accompagné et, si je n’en avais pas, c’était uniquement parce que je manquais de place. Même un hamster se serait senti à l’étroit dans mon studio. J’avais grandi entouré de chats.Mes parents jugeaient les chiens serviles, hypocrites, bagarreurs, bruyants et sales. Nous n’avions eu avec eux que des expériences désagréables.”

p. 71 : “En quelques minutes, quelques secondes, même, je me réappropriai le plus grand des plaisirs. Écrire. Revisiter le monde des rêves à cinq heures de l’après-midi. Attraper les mots, les soupeser comme des tomates au marché. Parler avec son ventre autant qu’avec sa tête. Tout lâcher et tout contrôler à la fois. Dire. Dire la vérité. Raconter au plus près, au plus vrai, la folie de ce monde, sa cruauté et sa drôlerie. Faire comme si tout cela avait un sens.”

p. 91 : “ On peut écrire sur tout, me disais-je. Un amour déliquescent, un jeune garçon à l’école des sorciers, un appartement abandonné pendant la guerre. Les sujets n’ont pas d’importance. Ce qui compte, ce qui accroche, c’est la vérité. Ce que le livre dit de nous. Le commentaire qu’il fait de l’humanité.”

p. 107 : “ - Un feel good, voilà ce que tu devrais écrire. Tu le ponds en un mois, tu prends un pseudo, on lui donne un titre à la con, du genre Il ne faut jamais perdre espoir - plus c’est gros, plus ça passe - on le sort pour l’été et on en vend 30 000. Ça fera du bien à tout le monde.”


Existe en poche
 

Le Tripode, avril 2019, 173 pages, 15 €, ISBN : 978-2-37055193-1

 

 

Crédit photo couverture : Nina, par Claire Deweggis

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