Publique ou privée : quelle école pour nos enfants ? - Bruno Poucet et al.
Médiateur : Bruno Poucet
Contradicteurs : Gérard Aschieri (FSU), Patrick Roux (FNEP)
Egalité des chances ou liberté de choix ?
Je mesure combien il est difficile
de parler d'un ouvrage documentaire (sans en recopier la moitié) alors que je l'ai pourtant trouvé bien conçu et intéressant. Lu dans le cadre de l'opération la Voie des Indés proposée par Libfly, j'avais pris le soin de
choisir un thème qui m'intéressait vraiment. Vivant dans l'ouest de la France où l'enseignement privé est particulièrement répandu (c'est bien simple dans mon petit village de 2000 habitants,
nous avons tout en double : deux maternelles, deux primaires et deux collèges avec à chaque fois le choix privé ou public. Choix qui va de pair avec des querelles de parents aussi
passionnées que virulentes, chacun expliquant son choix avec bien souvent des arguments de mauvaise foi. Cela va même parfois jusqu'à des gens qui ne se côtoient pas dans la rue, persuadés que
l'autre est dans l'erreur !), je suis parfois prise à parti, travaillant régulièrement avec les deux types d'établissement.
L'intérêt de ce petit ouvrage est de dépassionner le débat, et de confronter deux contradicteurs spécialistes du sujet, tout en rappelant quelques notions historiques et chiffrées.
Le modérateur introduit notamment le sujet par un rappel historique et législatif. On trouvera aussi une bibliographie pour aller plus loin.
Les deux contradicteurs ne m'ont pas convaincue de la même manière, les arguments de Gérard Aschieri (FSU) sont clairs et bien étayés : est-il normal que l'Etat finance à près de 80 % un enseignement privé alors que ce dernier n'a pas les mêmes obligations, notamment en matière d'égalité sociale ? L'entre-soi et le communautarisme qui ne vont pas dans le sens de la réussite contrairement à ce que l'on pourrait croire, la concurrence privé-public souvent véhiculée par un bouche à oreille fondé sur de mauvais critères sont bien expliquées. En face, Patrick Roux, défenseur de l'enseignement privé indépendant (c'est-à-dire hors contrat, faiblement représenté et touchant essentiellement le supérieur) m'a semblé user d'arguments parfois clichés et peu démontrables (comment peut-on éduquer des enfants dans le public alors qu'on a affaire à des profs peu impliqués qui ne sont là que pour la sécurité de l'emploi et les vacances, alors que dans le privé la menace d'être viré – tant pour les élèves que pour les profs - accroitraient la motivation), et se situer sur un domaine difficilement comparable (celui de la formation professionnelle privée).
Les annexes chiffrées et les repères chronologiques en fin d'ouvrage sont intéressants à rappeler.
Une collection à surveiller, qui propose d'autres titres (nos retraites : répartition ou capitalisation ?, les réseaux sociaux sont-ils nos amis ?, agriculture biologique, espoir ou chimère ?, faut-il renoncer au nucléaire ? - ces deux derniers annoncés pour février 2013) où l'abondance d'informations peut nécessiter parfois de revenir à des documents synthétiques et surtout, objectifs.
éd. Le Muscadier, collection le choc des idées, juin 2012, prix : 9,90 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : © Espelette et éd . Le Muscadier