Le cri du poisson rouge - Michel Piquemal
Le net permet parfois des petites merveilles. Un jour je trouve dans la boîte mail de ce blog un mail d’écrivain. Tiens, je n’ai rien lu de lui, du moins rien critiqué ici, c’est un auteur jeunesse bien connu pourtant. Il me pose juste une question en littérature. Quelques échanges et pour me remercier, il me propose son roman désespéré. Les romans désespérés ont toujours plus de goût que les autres. Surtout quand ils ont un brin de jouissance féroce.
Il est écrivain, il y travaille depuis longtemps, mais n’a toujours rien publié. La générosité de Mère le fait vivre. Dès qu’il s’astreint à un peu de régularité et de réveil matinal, est-ce sa faute s’il est tout de suite fatigué ? Il engloutit du Nutella et retourne se coucher, c’est quand même plus facile. Imbu de lui-même, égoïste, il est bien le seul à ne pas douter de son talent. Par ailleurs, il revendique sa liberté et consomme les femmes au gré de ses désirs (quoi, Françoise, on n’est pas mariés que je sache, dit-il à son officielle). Il est souvent victime de crises d’angoisses, trouve toujours la vie épuisante et finit par s’acheter un poisson rouge. Un qui tourne bêtement dans son bocal, comme tous les poissons rouges. Et le cri de l’auteur en détresse fait autant de bruit que celui de son poisson rouge…
100 petits tableaux, brefs petits chapitres pour nous décrire un auteur en mal de réussite doublé d’un type détestable. Et pourtant on rit souvent ! c’est si vrai cette prétention d’auteur ! On pense d’ailleurs au roman de G. Flipo, le vertige des auteurs, dans la même veine, même si celui de Piquemal le précède (2001). Un petit roman vraiment sympathique, lu une nuit étouffante d’août à Vic-la-Gardiole (34) et pardon pour les voisins si j’ai ri à 2h du matin….
Eden, collection Folies d’encre, nov. 2001, 133 pages, prix : 9,91 €
Ma note : 4/5
Crédit photo couverture : © André Blaise et Eden éd.