Les armées - Evelio Rosero
Ismael est un vieil instituteur à la retraite, qui vit des jours paisibles avec son épouse Otilia dans le petit village colombien de San José. Ismael a un plaisir simple dans la vie : regarder tous les jours sa belle voisine qui bronze nue dans son jardin en prenant pour prétexte de cueillir ses oranges. Et tant qu’il y a du désir, il y a de la vie. Sa femme le réprimande gentiment chaque jour, c’est leur petit rituel.
Mais ces plaisirs idylliques seront de courte durée, le village se retrouve vite dans un chaos sanglant : partout des hommes armés qui kidnappent, torturent, tuent. On ne les différencie pas bien : paramilitaires, guérilleros, narcotrafiquants… en tout cas ils font régner la violence et la peur. C’est dans ce nouveau contexte que sombre peu à peu Ismael : parti à la recherche d’Otilia disparue (qui elle-même le cherche), il erre dans la misère de sa propre déchéance dans ce village dévasté, voyant mourir ou disparaître peu à peu ses voisins et amis.
Un très beau roman qui parle de la violence colombienne par de jolis moyens détournés : on s’attache à ce vieil Ismael qui perd la mémoire, sa vigueur, et peu à peu sa raison.
Une mention toute particulière pour les début et dernière partie du roman qui sont excellents, cet art de dire sans avoir l’air d’y
toucher. Remarquable.
Elles l’ont répéré également :
Essel, Papillon, Clarabel, ...
Métailié, août 2008, 155 pages, prix : 17 €
Ma note :
Crédit photo couverture : © Getty Images et éd. Métailié