Les jardins d'Hélène

Infidélité(s) - Christine Sagnier

4 Juillet 2006, 09:25am

Publié par Laure

Voici un roman amer mais clairvoyant sur l’usure du couple.

Claire et Marc sont mariés depuis 10 ans, et parents de jumeaux de 8 ans, Louise et Paul. Marc travaille beaucoup, rentre tard, mais arrange aussi son emploi du temps à sa guise pour voir sa maîtresse. Lasse de porter sa famille à bout de bras, Claire multiplie les amants, comme une fuite en avant. Le livre se trouve donc ponctué de scènes érotiques bien écrites, lesquelles ne suffisent pas à combler le vide de Claire. Un beau livre sur l’éloignement dans le couple, l’accomplissement de soi et le besoin d’exister autrement qu’en « femme de ».

Et j’aime les auteurs qui ont le courage d’une fin qui ne soit pas rose. Je regrette presque l’épilogue de ce livre, qui du coup, la rend moins tragique. Sans cette vie qui reprend autrement, c’est vrai aussi que l’auteur serait resté sur un cliché habituel de la littérature : la mort comme unique solution à l’amour impossible. Elle a donc eu aussi le courage d’éviter cet écueil, et tout cela, c’est du talent. Et pour un premier roman, chapeau bas !

 

Ces extraits :

Marc qui regarde la lingerie fine de sa femme dans son tiroir :

p. 48 : « Peut-être oublie-t-il de la regarder ? Se laisse-t-elle simplement regarder ? Qu’il tente seulement de l’approcher et elle s’écarte. Toujours sur la défensive, sans patience, fatiguée. Pourtant, il y a ce soin particulier qu’elle apporte à ses tenues. Non qu’elle ne se soit jamais laissée aller, mais il y a quelque chose de nouveau, dont il s’étonne sans toutefois savoir en définir précisément la teneur. Sexy, c’est peut-être le mot juste, mais il convient si peu à la femme qu’il connaît. »

p. 56 : « Elle reste immobile, les yeux fixés sur son livre. Marc se penche pour l’embrasser comme il le fait chaque soir. L’habitude. Depuis longtemps elle ne lui offre plus sa bouche,  détournant le visage pour qu’il n’atteigne que sa joue. S’en rend-elle compte seulement ? »

A propos de la meilleure amie de sa femme :

p. 99 : « Je ne vois pas ce que sa vie a d’enviable. Seule et sans enfant dans son immense appartement ! A son âge, on peut rêver mieux comme aboutissement.

- Parce que pour toi, avoir une femme et des enfants est un aboutissement ?

- C’est le mien en tout cas. Excuse-moi d’être aussi rétrograde !

- Comment peux-tu la juger ? Que connais-tu de sa vie ?

- Rien, effectivement, à part sa collection d’amants.

- Et alors ? Ça blesse ta moralité ?

- Si encore elle était amoureuse !

- Qui te dit qu’elle ne l’est pas ?

- A la rapidité avec laquelle elle en change ! Parions qu’il y en aura un nouveau ce soir.

- C’est qu’elle plaît, voilà tout. Elle aurait tort de se refuser ce plaisir.

- Tu lis trop de romans. Crois-moi ta copine n’est pas heureuse !

- Pas heureuse ! Un orgasme tous les soirs et les applaudissements du public pour conclure chaque concert ! Tu as une meilleure recette du bonheur ? »

 

Merci à C. pour le prêt de ce livre !

Balland, août 2003, 184 p. , ISBN 2-7158-1459-3, prix : 18 €

Ma note : 4,5/5

 

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