Ce qu'aimer veut dire - Mathieu Lindon
Prix Médicis 2011
En ouvrant ce roman auréolé du Prix Médicis, je m’attendais à découvrir un récit personnel sur les relations entre Mathieu Lindon et son père, Jérôme Lindon, le grand éditeur qui pendant plus de cinquante ans a dirigé les éditions de Minuit, et Michel Foucault, philosophe et professeur au Collège de France, qu’il a fréquenté pendant six ans de 1978 à sa mort en 1984. Et par extension, à entrouvrir le milieu littéraire et intellectuel qui leur est lié.
Hélas rien de tout cela, mais un récit d’une prétention extrême dans l’écriture souvent déroutante, mêlant des tournures très familières à d’autres très soutenues et plus rarement utilisées comme ce subjonctif : « Patrick demande d’amener l’animal à la maison. Nous, on s’en fiche, on ne sache pas que Michel ait une allergie, on accepte. » (p.97). Correct, mais étonnant. J’ai abandonné ma lecture après 140 pages de descriptions de trips à l’acide et à l’héroïne (ce qui de par la fréquence de la répétition est vite lassant et inintéressant) au cours desquels l’auteur ne rencontre finalement que très rarement Michel Foucault, celui-ci leur prêtant simplement son appartement en son absence. Quelques passages sur la rencontre avec Hervé Guibert, sur l’homosexualité de l’auteur, mais là encore, du très terre à terre, factuel et sans intérêt aucun (pour moi). Comme ça ne semblait pas évoluer, j’ai laissé tomber.
Pour feuilleter quelques pages deci-delà et tomber sur cette phrase : « Et j’ai beau me démener pour lui faire changer d’état d’esprit, je reste désarçonné quand il faut affronter l’entêté fait qu’il est parfois découragé alors que mon désarroi et l’énervement qu’il me provoque ne peut que l’enfoncer encore » (p. 306). L’entêté fait ? Le fait qu’il serait entêté ? Parce qu’avec le verbe faire conjugué je ne vois pas …
Au final, sans doute un ouvrage qui plaira à une élite germanopratine, mais qui m’est tombé des mains par la vacuité des faits narrés.
P.O.L, janvier 2011, 311 pages, prix : 18,50 €
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Crédit photo couverture : © éd. P.O.L