Le vrac du dimanche (9)
(toutes images cliquables)
Se shooter en toute légalité : mille mercis à ma fournisseuse officielle ! (elle se reconnaîtra).
Avoir un gros coup de blues en reprenant seule le TER de Nantes à Sablé. Ça y est, il prend son envol mon petit grand. L'internat est vieux et petit par rapport à celui de Touchard qui était grand luxe (on ne s'en rend compte qu'après!), mais reconnaissons qu'il y a pire comme vue en ouvrant sa fenêtre de chambre. Son cothurne est vendéen, et ça a l'air de bien coller entre eux.
Jamais, jamais, jamais je n'aurais pu avoir cet emploi du temps. Mais chacun ses tares, moi c'est en thème latin et en linguistique française que je m'éclatais.
Le jardin des Plantes est juste en face : un peu d'air qu'il saura prendre, je l'espère...
Les regarder s'adorer ces deux-là, le chat accepte d'elle bien plus que de moi, je me revois enfant à faire mener pis que pendre au chat de ma grand-mère, elle me regardait éclater de rire parce que je faisais courir son gros matou après le reflet du soleil en jouant avec un miroir...
Lire aussi, toujours, mais ne pas toujours prendre le temps d'en parler ici.
(oui chez moi les post-it sont tous horizontaux, à la hauteur de la ligne que je veux retrouver. Psychorigide si vous voulez, ou juste organisée)
En quelques mots :
Le théorème de Kropst, Emmanuel Arnaud, éd. Métailié, janvier 2012, 135 pages, prix : 14 €
Pas envie d'en parler parce que j'éxècre cette mentalité des prépas, pas forcément des élèves, mais du système tel qu'il est fait. Oui je sais, mon fils vient d'y entrer. En est ravi, dopé par cette stimulation intellectuelle, fatigué déjà sans doute aussi, l'avoir vu 30 heures à la maison et déjà soucieux, enfin vu seulement à table, enfermé dans sa chambre le reste du temps à faire des maths et de la physique, et y penser tout le temps, y compris en mangeant. Même s'il l'a choisi, comme il dit. Ça ne m'empêche pas de rester critique, dans cette situation paradoxale d'avoir accepté cette orientation formatée par le système éducatif français, poussée par ses enseignants, désirée par lui, encouragé par son entourage.
Donc le théorème de Kropst parle de la vie en maths sup, et de tous
les moyens qui sont bons pour réussir, même les plus malhonnêtes. Le roman est pas mal, c'est le sujet qui m'énerve.
p. 96 : « Parce qu'il sait depuis des mois que la prépa est profondément injuste, qu'elle n'est pas cet univers de pure objectivité qu'il imaginait quand il était en classe de terminale. Au départ en septembre, il croyait naïvement que tout se jouerait à égalité entre quarante cerveaux survoltés s'affrontant par devoirs de maths et de physique interposés. Une compétition dure, mais noble, où seuls les cœurs vaillants seraient récompensés. Une ambiance somme toute comparable aux Chevaliers du Zodiaque, le dessin animé japonais qu'il regardait à la télévision quand il avait dix ans. Dans les faits, rien à voir. Il a rapidement compris la situation : les dés sont pipés dès le premier jour, ou presque. Dans la classe on trouve déjà, on l'a dit, une dizaine d'ex-élèves des terminales du lycée Louis-le-Grand, dont la fameuse TS1, qui ont pendant deux ans préparé l'intégralité du programme de maths sup. Ils ont une bonne année d'avance sur le reste des élèves. C'est normal ? A côté d'eux, ou en même temps, car rien n'interdit de cumuler les avantages, au contraire, se dressent une vingtaine d'élèves dont l'un ou l'autre des parents sont professeurs de mathématiques en prépa ou bien anciens élèves de l'ENS. Ceux-là ont été programmés depuis l'âge de dix ans pour entrer à Polytechnique et leurs parents leur ont également déjà enseigné toutes les ficelles de maths sup. Ce sont de vrais robots, d'ailleurs en général leurs frères et sœurs aînés ont déjà tous intégré l'X. Ça aussi, c'est normal ? Et ceux qui n'appartiennent à aucune de ces deux catégories composent la brochette d'authentiques surdoués étrangers au QI supérieur à 130, du type de Spirikov. Tous sur un pied d'égalité en septembre, c'était bien cela l'idée, n'est-ce pas ? Les salopards. Alors quand à côté on est un pauvre élève de banlieue dont les parents sont fonctionnaires de base, et qu'on ne dispose pas d'un QI de 200, qu'est-ce qu'on fait ? On s'écrase ? On se laisse marcher dessus par toute la classe pendant un an, on finit trentième et on est viré à la fin de l'année en se consolant benoîtement en pensant « Merde qu'est-ce qu'ils étaient forts dis donc à LLG ! Vraiment y a rien à faire contre de pareils génies! J'suis déjà bien content d'avoir pu les connaître un an dans ma vie ! » ? »
La réparation, Colombe Schneck, Grasset, 212 pages, prix : 17 €
J'aime beaucoup Colombe Schneck, du moins la journaliste que j'ai connue à Arrêt sur images, avec Daniel Schneidermann il y a pas mal d'années (1995-1997, merci Wikipedia). Mais ce roman est si personnel, si autobiographique, que je n'y trouve pas ma place en tant que lectrice. Oui c'est la Shoah, oui c'est terrible, mais le pivot du livre (pourquoi et comment, sur quels choix, est morte la petite Salomé) tarde trop à venir. Le reste, c'est une histoire personnelle. Celle de l'auteur et de sa famille, sans que je parvienne à y trouver une portée universelle, celle de la grande Histoire. Dommage, j'y vois plus une thérapie personnelle qu'un roman.
Franck Pavloff, L'homme à la carrure d'ours, Albin Michel, janvier 2012, 202 pages, prix : 15 €
Voilà typiquement le genre de roman qui a priori ne m'intéresse pas (tout ce
qui est trop loin de moi, paysages et modes de vie) mais que j'ai lu dans le cadre d'un jury de prix littéraire. Et il est hérissé de post-it, tant j'ai relevé de belles phrases, de passages sur
lesquels revenir. C'était pas gagné, je n'aime pas quand je ne comprends rien dès les premières pages, qui fait quoi, qui est qui, pourquoi, mais un peu de persévérance et l'effort est
récompensé. Intriguant, très bien écrit, peut-être un peu trop lyrique et contemplatif de cette nature arctique, au détriment de l'enjeu politique du roman.
Jean-Luc Coatalem, Le gouverneur d'Antipodia, Le dilettante, janvier 2012, 188 pages, prix : 15 €. Là encore, un livre à mille lieues de mes choix habituels, lu dans le cadre d'un jury littéraire. Mais cette fois une vraie belle découverte, et paradoxalement si familière, un cousin éloigné ayant vécu cette quasi même expérience en terre australe ! La vie si particulière de ces deux hommes très différents, l'isolement, la rudesse du climat, le troisième homme qui apparaît, et la tension qu'on sent poindre.... Passionnant, bons personnages romanesques, et fascinant !
Quelques livres jeunesse dans la collection des Premières lectures et des Premiers romans de chez Nathan jeunesse. Mention particulière pour Un amour sur mesure, de Roland Fuentès et Alexandra Huard, et Le jongleur le plus maladroit, d'Evelyne Brisou-Pellen et Nancy Peña. (août 2012)
Un amour sur mesure m'a plu d'emblée pour ses illustrations (je trouve l'histoire sur l'acceptation des différences plus conventionnelle) mais ma curiosité est piquée désormais pour les dessins d'Alexandra Huard. Le jongleur le plus maladroit réunit qualités du récit (Moyen-Age, humour, lutte contre l’injustice) et de l'illustration : les deux m'ont beaucoup plu !
(Collection valeur sûre à la bibliothèque, qui plaît autant aux parents – qui sont guidés par le repérage des âges, le code couleur des sous-collections – qu'aux enfants qui s'attachent à l'une ou l'autre série et aux personnages qu'ils retrouvent. (quelques titres isolés comme les deux cités, mais aussi des séries, il y en a pour tous les goûts !)