Manhattan - Anne Révah
J’ai toujours eu un faible pour la collection 1er/mille chez Arléa. Aussi quand l’auteur m’a proposé de m’envoyer son livre, j’ai accepté sans hésiter. Et j’ai bien fait car je retrouve bien là le ton de la collection.
Une femme à la vie apparemment épanouie, mariée, des enfants, un bon job, découvre qu’elle est atteinte d’une maladie curieuse dont elle ne comprend pas bien l’issue, mais toujours est-il que cette histoire de taches blanches dans le cerveau lui fait peur. Sans réfléchir et parce que cela s’impose à elle, elle fuit. Elle part, laissant tout, pas même un mot au mari et aux enfants. Elle part avec le chien, quand même, pour finalement le laisser lui aussi.
Ce roman se compose (pour moi !) de trois parties distinctes, bien qu’il n’y ait pas de coupure particulière dans la mise en page, ni même de chapitres. La première partie, la découverte et la fuite, captive et entraîne le lecteur. Surprise, désaccord, on a envie de réagir face au personnage et l’on ne peut laisser là la lecture. L’auteur décrit bien cette urgence de fuir et ces hésitations malgré tout. Une deuxième partie, plus intérieure, aborde toute la réflexion de la femme sur son sentiment de vacuité. On ne connaît pas encore les raisons de tout cela, mais j’ai trouvé des résonances intéressantes dans cette réflexion, me disant que ce livre méritait d’être gardé précieusement et relu. Puis la troisième et dernière partie, celle de la lettre qu’écrit le personnage à sa mère. Une lettre unique, définitive, et qui dénonce enfin tout ce qui a fait le malheur et le vide intérieur de cette femme. Une lettre accusatrice, sur la cruauté d’une mère. Cette partie m’a un peu déçue (je ne vais pas dévoiler le mobile de l’histoire) parce que justement, il est un peu convenu, un peu trop vu et revu dans la littérature contemporaine. Comme si aujourd’hui on expliquait tout malheur intérieur par ce seul élément, et c’est ce qui tempère mon avis sur roman. J’aurais sans doute aimé quelque chose de plus innovant ! La fin, néanmoins, reste surprenante et inattendue.
Si j’ai parlé de trois parties distinctes, c’est parce qu’il m’a semblé que ces trois parties du roman ne s’enchaînaient pas sur le même ton, comme si la cassure entre chacune était trop marquée, du point de vue du style, et c’est ce qui m’a gênée un peu, dommage.
Mais c’est un premier roman qui mérite d’être remarqué (avant la proposition de l’auteur je n’en avais jamais entendu parler, pourtant il date de mai 2009), et c’est un auteur qu’on a désormais envie de suivre, car ce premier roman, malgré quelques faiblesses, est prometteur.
D’abord remarqué par Jérôme Garcin du Nouvel Obs,
et lu aussi par Leiloona, Antigone, …(et d'autres bientôt sans doute)
Arléa, coll. 1er mille, mai 2009, 89 pages, prix : 13 euros
Etoiles :
Crédit photo couverture : éd. Arléa