DRH, la machine à broyer : recruter, casser, jeter – Didier Bille
Ancien DRH, Didier Bille décrit les pratiques abusives et sans vergogne des grandes entreprises dans lesquelles il a œuvré pendant plus de vingt-cinq ans.
Le ton humoristique, voire sarcastique n'en rend pas moins l’ensemble édifiant. De la destruction en bonne et due forme, sans états d’âme. L’humain n’a aucune valeur (quelques indemnités quand il s’agit de s’en débarrasser sous les prétextes les plus fallacieux) face aux profits des grands groupes.
On a beau le savoir, le lire est à vomir. Mais il a bien fini par dire stop et faire autre chose.
Je me suis parfois perdue dans les pseudos tordus et l’échelle alambiquée des managers et des exemples cités, mais ça ne change pas grand-chose au résultat. Intéressant et déprimant. Révoltant serait plus juste.
Et si l’on en croit toutes ces reconversions professionnelles post covid….
Extraits :
- P.15 : « Dans « ressources humaines », le terme le plus important est le premier. Le salarié est une ressource, un ingrédient qui a un coût (qu’il faut réduire), un temps d’usage (qu’il faut maximiser, même si cela en diminue la durée de vie), un mode d’utilisation, une date de péremption, qui varie en fonction de la manière dont la ressource a été exploitée, mais qui est toujours respectée (quand c’est plus bon, c’est jeté), et dont l’usage est soumis à une règlementation (qu’il faut s’employer à simplifier ou à contourner). Le second terme, « humaines », c’est juste du camouflage ».
- P. 246 : « Le travail réel est ce qu’un collaborateur va réellement réaliser au quotidien, parfois à l’encontre du travail prescrit. Il développe ainsi sa créativité, son savoir-faire, son autonomie. Il cherche à accroitre sa satisfaction de faire du bon travail, du bel ouvrage, un travail de qualité.
Enfin, le travail ressenti intègre les émotions et l’impact du travail réel sur le psychisme du salarié.
Or, aujourd’hui, en entreprise, seul compte le travail prescrit. Pire encore, seul compte le résultat du travail prescrit. Dans le « moins pire » des cas, le manager connaît le travail prescrit de ses collaborateurs, beaucoup moins leur travail réel et quasiment jamais leur ressenti par rapport à leurs activités. »
Le Cherche Midi, mars 2018, 270 pages, prix : 18 E, ISBN : 978-2-7491-5805-1 (existe en poche)
Crédit photo couverture : © éd. Le cherche midi.