Les jardins d'Hélène

A + 2 - Sophie Schulze

21 Août 2014, 18:02pm

Publié par Laure

A + 2, c'est la 2ème génération après A, A dans le livre étant le camp de concentration et d'extermination d'Auschwitz. Mais ce n'est que dans la dernière partie que ce titre prend sens. Récit dur, âpre, qui réinterroge l'identité et la culpabilité.

 

Étonnant parcours de lecture qui fut le mien : ce livre a bien failli me tomber des mains très vite, pour peu à peu m'attirer dans sa deuxième partie et me convaincre dans sa dernière, sur la qualité du projet littéraire.

Si vous cherchez une histoire reposante avec un début un milieu une fin, passez votre chemin. Si vous acceptez une construction non linéaire, un peu déstructurée mais au final ô combien intéressante, allez-y.

 

La première partie, intitulée « personnalité juridique » a failli m'ennuyer, bien qu'un peu ubuesque. Je n'étais pas loin de penser « pauvre petite fille riche qui narre ses innombrables voyages facilités entre autres par un passeport diplomatique », sa vie à Riyad, son safari en Tanzanie, sa journée à Jérusalem... Mais pourquoi ces interpellations en allemand, qui rappellent bien sûr une autre époque... C'est court, et pas inintéressant, je poursuis. La deuxième partie s'intitule : « la personne morale » et précise le parcours de l'auteur. Abrutissant premier chapitre sur la philosophie allemande, Sophie Schulze a été étudiante en philo à Strasbourg. Le cours sur Heidegger (son petit Heidi) et Arendt me perd. Ou ce n'est pas le bon moment. Parfois, c'est un rien qui vous accroche, Valdoie, la Savoureuse, Belfort c'est toute mon enfance auprès de ma grand-mère, Strasbourg et ses universités, mon adolescence. Ça me parle enfin, même si ce n'est pas pour les bonnes raisons. Puis son expérience de juriste à Paris (kafkaïenne), le Niger, Jérusalem.

Troisième et dernière partie, sans aucun doute la plus essentielle, « l'unicité ». Visite de A et B, choix d'un code de langage où A est Auschwitz et B Birkenau, découverte tardive du nazisme de son grand-père, nombreux passages (trop peut-être au regard de son propre texte) extraits de « Aucun de nous ne reviendra. Auschwitz et après, t.1 », de Charlotte Delbo  (Paris, Editions de Minuit, 1970).  Une réalité historique qui toujours frappe aux tripes, mais un regard sur la visite « musée » qui interpelle également. Et l’œuvre prend sens dans son ensemble, outre la question de porter le poids de son passé familial à génération + 2, la construction de soi dans un tel contexte, les parties « juridique » et « morale » prennent alors une nouvelle lumière.

 

La postface adressée à l'éditeur m'a un peu gênée. Lui l'homme de la génération A+1, juif né dans un camp. Façon « vous seul pouvez me comprendre ». Tout bon livre est publiable, choisir ses pairs viendrait presque le discréditer. Très belle réponse de l'éditeur.

 

 

éd. Léo Scheer, août 2014, 141 pages, prix : 17 €

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Crédit photo couverture : © éd. Léo Scheer

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L
J'ai moi aussi été décontenancée par la forme ... elle nous balade pas mal avant la dernière partie. Et pourtant les autres parties font sens à la fin ...
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C
je ne sais pas, pas une lecture pour maintenant en tout cas..
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