Apprendre à lire - Sébastien Ministru
Au crépuscule de sa vie, un vieil homme, immigré sarde analphabète, demande à son fils âgé d’une soixantaine d’années, dirigeant d’un groupe de presse, de lui apprendre à lire. Celui-ci s’exécute bon gré mal gré, mais leurs relations n’ont jamais été simples, qui plus est après le décès de sa mère.
Antoine vit en couple avec un homme mais a fait le choix de ne plus avoir de relations sexuelles avec son conjoint, il préfère quelques relations tarifées épisodiques.
C’est à l’une de ces rencontres, futur enseignant, qu’il confie cette lourde mission d’apprendre à lire à son père. Un lien très fort va se nouer entre le vieil homme et Ron, le jeune enseignant, relation qui va déstabiliser le fils…
C’est un très beau roman que ce court texte, très sensible, pudique, très bien écrit, qui se lit aussi dans les non-dits trop longtemps occultés. Il aborde des thèmes rares, l’analphabétisme, et précieux, la relation père-fils, chahutée, difficile. C’est une histoire d’amour, paternel, filial, qui aborde aussi l’homosexualité, la prostitution masculine, (dans le rapport qu’elle peut induire entre ce père et ce fils), et la honte liée à l’analphabétisme.
Un roman qui se lit d’une traite, touchant, caressant par sa plume, une vraie belle découverte (il s’agit en plus d’un premier roman), que je dois à Autist reading dont le billet m’avait convaincue.
Extraits :
« - Mais à quoi ça va te servir de savoir lire ?
- A quoi ça va me servir ? Mais à lire. Peut-être que lire, ça fait mourir moins vite. »
« Mon père veut apprendre à lire et à écrire et ce n’est pas une plaisanterie. J’ai accepté de lui apprendre à lire et à écrire et c’est une catastrophe. Lire et écrire, comme inspirer et expirer, sont des gestes naturels que personne ne se souvient d’avoir appris. »
Grasset, coll. Le Courage, janvier 2018, 160 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-246-81399-6
Crédit photo couverture : © éd. Grasset.