La maison idéale – Kate Collins
Traduit de l’anglais par Isabelle Maillet
Cette maison idéale, a good house for children dans son titre original, est un manoir imposant qui a pour nom « le Reeve », situé dans le Dorset, au sud-ouest de l’Angleterre. Idéal pour l’épanouissement familial, vraiment ?
Ce premier roman de l’autrice raconte l’histoire d’une maison, à travers deux familles, en 1976 et en 2017, avec des retours plus loin dans le temps également, le manoir en bord de falaise s’avérant plus hanté qu’idyllique.
En 1976, c’est Lydia qui est embauchée comme garde d’enfants d’une famille nombreuse pour aider Sara, la mère tout juste veuve, dépassée par son chagrin. En 2017, c’est Orla, une mère de famille, artiste peintre, qui élève ses jeunes enfants (dont l’aîné ne parle pas) dans cette grande maison choisie (et imposée) par son mari qui n’y vit guère, travaillant et restant à la ville la semaine.
La psychologie des personnages est intéressante, les phénomènes mystérieux qui se produisent contribuent à une atmosphère un peu angoissante, tout comme le climat, le voisinage… L’alternance des époques et des vécus familiaux fonctionne, mais il manque un petit quelque chose : le roman n’en reste pas moins attendu, avec une impression de déjà lu, et d’inabouti dans le traitement du léger surnaturel.
Ce n’est pas un mauvais roman, mais il manque quelque chose pour qu’il soit pleinement réussi.
A lire si vous aimez les histoires de fantômes, de maisons hantées, de destins tragiques qui se répètent, les ambiances gothiques et psychologiques.
Extrait p. 194-195/229 (numérique) : « La maison exigeait trop d’elle. Elle avait essayé de l’aimer, de réparer ce qui était cassé en elle, de panser ses plaies. Et pourtant, ça ne suffisait pas. Le Reeve l’appelait, avait besoin d’elle, la réclamait comme le ferait un enfant, et Orla savait qu’elle aurait beau lui donner tout ce qu’elle pouvait, ce ne serait jamais assez, car un enfant n’aspire qu’à s’approprier totalement sa mère. Les siens la dévoraient s’ils en avaient la possibilité, afin qu’elle vive en eux pour toujours. Et c’était ce que voulait la maison : la faire sienne à jamais.
Elle était devenue la mère d’un monstre. Le Reeve lui avait parlé, avait chuchoté à son oreille, et elle l’avait écouté.
Une mère doit se sacrifier pour ses enfants. Orla le savait et en avait déjà accepté la nécessité au plus profond de son cœur. »
Éditions Les escales, septembre 2024, coll. Littérature étrangère, 400 pages, prix : 23 €, ISBN : 978-2-36569-836-8
Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations