Les jardins d'Hélène

Le coeur d'une autre - Tatiana de Rosnay

12 Juin 2008, 05:37am

Publié par Laure

 

Bruce Boutard est un quadra détestable, divorcé (son mariage n’a pas résisté à sa « consommation » exagérée des femmes), qui a besoin d’une greffe du cœur pour survivre.

Après l’opération, des phénomènes un peu étranges surviennent, comme une émotion particulière devant un tableau, une gentillesse toute neuve… Et si le cœur du donneur ne lui avait pas redonné qu’une nouvelle vie mais aussi un peu de sa personnalité ?

Bruce est fortement déstabilisé quand il apprend que son donneur est en réalité une femme, Constance Delambre. Il partira en quête de son histoire et de sa famille.

Encore un très beau roman de Tatiana de Rosnay (le 4ème je crois, en 1998) qui je l’avoue m’a semblé au départ un peu trop sentimental et prévisible. Et puis… ne boudons pas les vrais plaisirs des livres positifs, ils ne sont plus si courants dans la littérature actuelle ! Et la seconde moitié s’étoffe davantage, gagne en densité, et par là-même la curiosité du lecteur embarqué dans l’intrigue. Jolis clins d’œil sur le milieu éditorial à la fin… Bref, une bonne lecture !

(Actuellement indisponible sauf en bibliothèques ou d’occasion, mais il sera probablement réédité un jour. En tout cas il le mérite.)

 

Plon, janvier 1998, 273 pages.

Ma note : 3,5/5

Crédit photo couverture : A young lady of fashion, Master of the Castello Nativity © Isabella Stewart Gardner Museum, Boston // éd. Plon

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Lectures sur le divan

11 Juin 2008, 12:40pm

Publié par Laure

Amanda m’a taguée et je réponds volontiers à ce petit jeu qui circule sur la blogosphère.

Vous voulez tout savoir sur mes lectures ?

 

Où et quand ?

Le soir au lit essentiellement, entre 22 h et minuit. Parfois entre midi et deux, quand je réussis à grappiller un quart d’heure sur la chaise longue sur la terrasse, donc en été. Surtout pendant les vacances, idem sur la chaise longue. Et le dimanche, où je ne fais généralement pas grand-chose d’autre entre deux rames de sommeil (mon week-end commence le samedi soir, je réserve donc le dimanche au repos et le lundi aux corvées)

Sinon, j’adore lire lors d’un voyage en train, parce que le paysage qui défile est propice à la rêverie - hélas je ne le prends pas très souvent. Du temps où j’étais mariée, je lisais aussi en voiture pendant les longs trajets sur autoroute, mais comme à présent je suis la seule conductrice, ce n’est plus possible.

 

Comment je choisis mes lectures ?

Ces derniers temps je ne les ai pas beaucoup choisies : Prix ELLE 2008, Prix des lecteurs du Livre de Poche 2008, … J’essaie aussi de piocher en priorité dans les livres que j’emprunte à la bibliothèque et dans les cartons que me prêtent les copines (oui, ça se compte en cartons). Résultat, mes achats perso s’accumulent, dépassent allègrement les 300 qui prennent la poussière et attendent que je veuille bien leur tendre la main.

Sinon, j’aère mes lectures « imposées » par des livres courts, ou des auteurs favoris, qui ne me feront pas prendre trop de retard côté devoir.

 

Quel style de lecture ?

Je pensais lire de tout (sauf de la SF/fantasy où là je résiste encore) mais mon blog m’a permis de réaliser (je n’en avais curieusement pas conscience avant) que je lisais surtout de la littérature française contemporaine. Les autres catégories sont parfois artificiellement gonflées par les lectures que j’ai faites pour les Prix Littéraires, lectures que je n’aurais peut-être pas choisies spontanément.

J’aime aussi le polar et la BD plutôt intimiste, et je regrette de ne pas trouver le temps d’en lire davantage.

 

Qu’est-ce que j’attends de mes lectures ?

D’être touchée, émue, bouleversée, avec une préférence pour les livres coups de poing, assez rares au demeurant. D’y voir disséquées les relations humaines. Un moment égoïste de repos. Une évasion du reste.

 

Mes petites manies ?

Je n’en ai pas vraiment. Je n’aime pas laisser de traces sur un livre : pas de cassure du dos (ça s’appelle le dos, pas la tranche, grrr !!) mais je les ouvre quand même normalement !, pas d’écriture dessus, encore moins de stabilo, pas de coins cornés, pas les mains pleines de crème solaire l’été, pas de sable sur la plage (on sent là la bibliothécaire qui râle en silence quand les bouquins reviennent bons à jeter en septembre).

J’ai un peu de mal à prêter (les miens, s’entend, sinon c’est mon boulot !), tout simplement parce que j’ai chez moi essentiellement des livres que je n’ai pas encore lus, et comme ils ne reviennent pas toujours, …. Je préfère offrir !

Sinon à chaque déménagement je laisse quelques cartons à une bibliothèque municipale ou associative, que du « mettable en rayon », je connais les critères. J’achète de plus en plus d’occasion mais à la condition express qu’ils aient l’air neuf : loin de moi les vieux machins jaunis qui puent ! Ces trucs-là, je les jette. Je ne jette pas une œuvre, laquelle est immortelle, ce que je jette, c’est un exemplaire papier qui tombe en ruine, et qui se trouve à l’état neuf chez le premier libraire du coin. Vous avez la vie des douze césars dans sa première édition, vous ? ;-))

 

A qui le tour ?

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Le dieu du carnage - Yasmina Reza

9 Juin 2008, 21:14pm

Publié par Laure

J’inaugure la rubrique théâtre avec cette petite pièce prêtée par Amanda, alors que je lui demandais simplement des conseils en théâtre contemporain, elle m’a envoyé un colis ! (Merci merci Amanda !)

 

Cette pièce de Yasmina Reza est aussi savoureuse que drôle et cocasse, en dévoilant que derrière toute civilité se cache une violence primaire pas toujours facile à canaliser.

 

Michel et Véronique Houllié, couple de quadras, ont invité chez eux le couple Reille, Alain et Annette, pour discuter de la bagarre qui a eu lieu entre leurs fils, au cours de laquelle Ferdinand Reille a cassé deux dents à Bruno Houllié. Alors que tout démarre dans une ambiance pacifiste et polie, les personnalités se dévoilent peu à peu. Alain est insupportable à toujours répondre à son portable qui sonne non-stop, Annette commence à vomir sur les beaux livres d’art des Houllié (ça donne quoi sur scène ?), Michel ne parvient pas à trouver grâce aux yeux de quiconque en tentant de  justifier l’abandon du hamster de sa fille sur un trottoir, les couples s’engueulent, mais c’est drôle !

Je suis ravie d’avoir découvert ce texte, car je n’ai pas du tout l’habitude de lire du théâtre, et bien sûr l’idéal serait de le voir sur scène. Joué à Paris jusque fin mai au théâtre Antoine (trop tard, hélas), avec Isabelle Huppert, Eric Elmosnino, Valérie Bonneton (qui a eu le Molière 2008 de l’actrice dans un second rôle pour cette pièce) et André Marcon.

 

Extrait : p. 78 : « Je vais vous dire, toutes ces délibérations à la con, j’en ai par-dessus la tête. On a voulu être sympathiques, on a acheté des tulipes, ma femme m’a déguisé en type de gauche, mais la vérité est que je n’ai aucun self control, je suis un caractériel pur. »

 

Lire aussi les 2 bonnes critiques de lecteurs sur Critiques Libres.


Albin Michel, janv. 2007, 124 pages, prix : 10 €

Ma note : stars-4-0. V192553758

Crédit photo couverture : éd. Albin Michel

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Ne t'inquiète pas pour moi - Alice Kuipers

7 Juin 2008, 21:46pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais par Valérie Le Plouhinec

 

Ce premier roman d’Alice Kuipers a pour lui son originalité : sur chaque page se succèdent les brefs échanges d’une mère et sa fille qui se voient peu, et communiquent par post-it collés sur le frigo. Claire a 15 ans, et une vie bien remplie d’adolescente normale : les cours, les copines, les premiers petits copains et le baby-sitting pour gagner un peu de sous. Sa mère vit seule avec elle, divorcée. Médecin, elle est souvent retenue à l’hôpital.  Le roman n’est donc construit qu’à travers les petits mots échangés sur ce frigo : listes de courses, petites remontrances d’ado ou de mère, petits mots affectueux. Et sur un an à peu près, on suivra la découverte de la maladie de la mère, un cancer du sein, et son évolution.

Pudique, le récit épistolaire effleure tout doux les sentiments douloureux. C’est un texte léger, trop sans doute (dans le sens de court et vite lu, quelques phrases ou mots seulement sur chaque page) pour un sujet grave, mais qui dit néanmoins très joliment l’amour d’une fille pour sa mère et réciproquement.

Parfois surréaliste (la mère continue de travailler malgré opération et radiothérapie) et superficiel (la difficulté de la maladie est à peine esquissée), on sent bien que ce n’est pas là l’essentiel du propos. L’essentiel, du moins tel que je le perçois, est bien d’avoir su aborder avec légèreté et de façon inédite le basculement d’une vie, un basculement toujours imprévisible, et qui presse à chuchoter tout l’amour pour l’autre tant qu’il est encore temps.

Un joli roman.

 

Merci à l’encreuse qui me l’a offert !

 

Albin Michel, avril 2008, 242 pages, prix : 10 €

Existe avec une couverture différente pour la jeunesse (sans doute un stratagème marketing que je trouve sans intérêt, mais bon…)

Ma note : 3,5/5

Crédit photo couverture : © Marc Boutavant et Albin Michel.

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Agônia - Thierry Serfaty

6 Juin 2008, 11:59am

Publié par Laure

Ce dernier thriller de Thierry Serfaty est le troisième qui s’inscrit dans son ambitieux projet de cycle intitulé La Pyramide mentale, cycle qui doit englober quatre romans. (dont le premier était la nuit interdite, et le second, Peur).


J’ai lu Agônia sans savoir cela, et pour vous rassurer, il est tout à fait compréhensible sans avoir lu les précédents ! Sauf que maintenant, c’est malin, j’ai envie de lire les autres ! Même si c’est dans le désordre. Car les personnages ont une vraie personnalité, de l’étoffe, et sont attachants !


Au début d’Agônia (du grec, l’ultime combat) on retrouve le commissaire Erick Flamand et son épouse et coéquipière Laura, au lendemain de la mort du Maître, qui pour soigner les phobies, avait décidé d’éradiquer la Peur. L’Institut qui accueille des enfants phobiques va donc pouvoir enfin retrouver la paix. Mais alors que tout le monde croit l’affaire terminée, moins de 24 heures plus tard, une vidéo d’un homme se faisant ensevelir vivant circule sur le net, et des enfants disparaissent la nuit de l’Institut. Quelle est donc cette horreur qui reprend ?

Bien sûr, je ne vais pas trop vous en dire. Le principe même du thriller, c’est de vous faire tourner les pages sans relâche, et de vous stresser un brin, quand même. Et quand vous pensez que c’est cousu de fil blanc, que bien sûr ça finira bien, on vous remet quelques rebondissements inattendus ! La fin est donc stupéfiante, jusqu’aux dernières pages où elle ne cesse de rebasculer.

Une écriture vive, simple, une intrigue qui tient la route et qui fait froid dans le dos (trouver le Maître qui s’est emparé des émotions : d’abord la Peur, puis la Colère, va-t-il toutes les faire, pour aplanir les personnalités, éradiquer les différences ?). Rien de fantastique là-dedans, mais de la psychobiologie (ici utilisée à mauvais escient) et c’est assez passionnant ! Et puis des personnages humains et foncièrement gentils, ça aide aussi. Mais pas gentillets non plus, ils ont leurs fantômes et leurs soucis ! Thierry Serfaty a su trouver ici encore un équilibre effrayant entre réalisme et folie pure.

 

 

Michel Lafon, juin 2008, 395 pages, prix : 20 €

Ma note : 3,5/5

Crédit photo couverture : éd. Michel Lafon.
PS : Merci à Sandrine !

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La société des jeunes pianistes - Ketil Björnstad

1 Juin 2008, 17:47pm

Publié par Laure

Traduit du norvégien par Jean-Baptiste Coursaud

 



A la toute fin des années 1960 à Oslo, des adolescents forment la société des jeunes pianistes. Ils vont se confronter à la dure réalité des concours et des premiers concerts qui leur assureront ou non un avenir dans la musique.

Aksel Vinding a décidé d’arrêter ses études après le décès de sa mère, pour se consacrer à la musique, qui était aussi la passion de sa mère. Il est amoureux de Anja Skoog, une jeune fille discrète et renfermée, véritable virtuose.

Roman d’apprentissage, du passage à l’âge adulte, c’est un roman riche de personnages intéressants et variés, qui montre bien combien la musique classique à ce niveau n’a rien de la pratique en dilettante. Drames, relations troubles entre élèves et professeurs, on est loin de la douceur de vivre.

Toutefois, je trouve dommage que bien des points soulevés par l’auteur soient restés sans réponse : quelle est la nature réelle de la relation entre Anja et son père : inceste ou violence psychologique ? Pourquoi sa mère reste-t-elle en dehors de cela et très évasive pendant les ¾ du livre ? Dommage également que les personnages de Cathrine, sœur de Aksel et son père soient si peu creusés, alors qu’ils sont esquissés de façon prometteuse au départ. Et pourquoi Aksel vomit-il tout le temps quand il est stressé ? Ce n’est pas vraiment glamour pour un jeune héros ! (à vrai dire c’est agaçant).

De même si nous pouvons voir les débuts sur scène de Rebecca et d’Anja, tous deux mémorables dans leur échec, nous ne verrons jamais celui d’Aksel, alors que tout nous y conduit sur plus de 400 pages : dommage !

 

Lu dans le cadre du Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2008, sélection du mois de mai, en confrontation avec Gamines, de Sylvie Testud, et qui a tué Glenn ? , de Leonie Swann. Une fois encore ce mois-ci, mon vote (pour ce roman de Björnstad) est un vote par défaut, pas de franc coup de cœur. J’avais déjà lu Gamines en broché, et si c’est un roman sympathique, il n’a rien d’exceptionnel, quant à Qui a tué Glenn ? , l’ennui devenu ronflant, je l’ai abandonné à la 130ème page, malgré un début original et plaisant.

 

Le forum Littérature du Livre de Poche : ici -(cliquer ensuite sur les couvertures de votre choix) 

 

Le livre de poche n°30965, mars 2008, 443 pages, prix : 6,95 €

Ma note : 3/5

Crédit photo couverture : © Stoltzedesign et LGF.

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