Les jardins d'Hélène

Le dieu du carnage - Yasmina Reza

9 Juin 2008, 21:14pm

Publié par Laure

J’inaugure la rubrique théâtre avec cette petite pièce prêtée par Amanda, alors que je lui demandais simplement des conseils en théâtre contemporain, elle m’a envoyé un colis ! (Merci merci Amanda !)

 

Cette pièce de Yasmina Reza est aussi savoureuse que drôle et cocasse, en dévoilant que derrière toute civilité se cache une violence primaire pas toujours facile à canaliser.

 

Michel et Véronique Houllié, couple de quadras, ont invité chez eux le couple Reille, Alain et Annette, pour discuter de la bagarre qui a eu lieu entre leurs fils, au cours de laquelle Ferdinand Reille a cassé deux dents à Bruno Houllié. Alors que tout démarre dans une ambiance pacifiste et polie, les personnalités se dévoilent peu à peu. Alain est insupportable à toujours répondre à son portable qui sonne non-stop, Annette commence à vomir sur les beaux livres d’art des Houllié (ça donne quoi sur scène ?), Michel ne parvient pas à trouver grâce aux yeux de quiconque en tentant de  justifier l’abandon du hamster de sa fille sur un trottoir, les couples s’engueulent, mais c’est drôle !

Je suis ravie d’avoir découvert ce texte, car je n’ai pas du tout l’habitude de lire du théâtre, et bien sûr l’idéal serait de le voir sur scène. Joué à Paris jusque fin mai au théâtre Antoine (trop tard, hélas), avec Isabelle Huppert, Eric Elmosnino, Valérie Bonneton (qui a eu le Molière 2008 de l’actrice dans un second rôle pour cette pièce) et André Marcon.

 

Extrait : p. 78 : « Je vais vous dire, toutes ces délibérations à la con, j’en ai par-dessus la tête. On a voulu être sympathiques, on a acheté des tulipes, ma femme m’a déguisé en type de gauche, mais la vérité est que je n’ai aucun self control, je suis un caractériel pur. »

 

Lire aussi les 2 bonnes critiques de lecteurs sur Critiques Libres.


Albin Michel, janv. 2007, 124 pages, prix : 10 €

Ma note : stars-4-0. V192553758

Crédit photo couverture : éd. Albin Michel

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D
<br /> <br /> sur scène à Bruxelles, au Public:<br /> <br /> <br /> Du piano martelé en rage dans le noir absolu. Puis la lumière illumine des personnages figés dans un calme apparent. Le décor est plus que<br /> banal, à part au fond une immense toile couverte de fissures, de ruptures, de dédales, un grand Rien, comme les craquelures d’un désert d’amour. Soudain, chaque nature s’anime en toute civilité :<br /> un bon fils travailleur et méritoire harcelé par sa mère, une femme éprise de changements planétaires, sublimée par ses idéologies. Pour elle c’est le dialogue à tout prix, mais une parole de<br /> trop et tout dérape ! Un avocat ridiculement ensorcelé par son portable incapable de se tenir debout sans son attribut électronique. Une femme poupée, incapable de se contenir au propre et au<br /> figuré, crachant venin de tripes dès qu’on s’en prend à son rejeton, lui qui est bourreau et non pas victime! Une victime expiatoire : le pauvre cochon d’Inde détesté, ensuite exilé, sans doute<br /> mort de peur et de froid… Les enfants, par qui tout arrive, totalement absents, loin de ces violences d’école maternelle. Voici une promenade jeu de massacre où les alliances ne cessent de<br /> s’inverser dans l’absurdité la plus complète. Scènes de pugilats paroxystiques bien aidées par les effets désinhibiteurs de l’alcool. Pour finir un requiem pour le cochon d’Inde assassiné. A vrai<br /> dire, le seul non coupable si ce n’est d’exister. Musique douce, extinction des voix et des lumières. Vive le silence hypocrite. Les quatre comédiens rivalisent d’excellence, campés avec<br /> justesse, un peu comme dans une comédie de boulevard il est vrai, mais que de rires au cœur du cynisme de la situation. Est dévoilé en crescendo habile un certain naturel de l’homme, égoïste et<br /> dictateur, qu’il serait bon de d’amener vers des sphères plus élevées. Vers - un autre dieu s’il existe, un autre idéal.<br /> <br /> <br /> <br />
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M
Bonjour, je travaille avec les élèves sur Le dieu du Carnage. Je suis intéressée par votre description de la mise en scène! Pouvez-vous me la décrire un peu plus longuement? S'agit-il de la mise en scène de Réza? Merci
D
Bonjour, je n'ai pas lu la pièce mais je l'ai vu au théâtre. J'y suis allée parce qu'il y avait Huppert. Personnellement, j'ai été déçue par la mise en scène de Reza très plate. Les décors et costumes étaient laids, même Huppert cherchait son texte. C'était les premières représentations. Vaut mieux certainement avoir lu la pièce que l'avoir vu. Bonne après-midi;
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L
<br /> surprenant en effet ! dommage aussi... peut-être que ça s'est arrangé par la suite !<br /> <br /> <br />
B
J'ai bien aimé cette pièce... même si je continue à lui préférer "Art" !
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L
<br /> Il semble y avoir un réel engouement pour Art, je note dans ma liste ! (le titre me rebute un peu)<br /> <br /> <br />
A
je me doutais qu'elle te plairait ! Je n'ai pas vu la pièce avec IHuppert (il parait que la scène du vomissement est tordante !), mais je crois qu'elle a bien marché !
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V
Ta critique donne envie de découvrir cette pièce! J'avais vraiment aimé "Art" du même auteur.
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K
Comme j'aime beaucoup lire du théâtre, j'ai noté cette pièce quand Amanda en a parlé.  Ca semble vraiment bien, à vous lire!!!
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