Une séparation - Véronique Olmi
J'ai été surprise de découvrir un nouveau livre de Véronique Olmi début octobre alors que venait de sortir à peine quelques semaines auparavant son dernier roman La nuit en vérité. Il s'agit en réalité d'une réédition d'un texte de théâtre à l'occasion de sa sortie sur scène. La pièce se joue en effet au théâtre des Mathurins jusqu'au 22 décembre (plus d'infos ici : www.theatredesmathurins.com), avec Véronique Olmi elle-même dans le rôle de Marie, et Jean-Philippe Puymartin dans le rôle de Paul, acteur qui signe aussi la mise en scène de la pièce.
Si le sujet semble banal et rebattu (la séparation d'un couple), les mots de Véronique Olmi lui offrent une grâce particulière. Le texte prend une forme épistolaire, échange de lettres entre la femme qui quitte et l'homme quitté.
P. 11 : « Je te quitte, Paul. Je me suis levée pour te l'écrire. Je commence cette journée par faire ça. » Point d'adultère ou de nouvel amour secret, juste l'érosion habituelle d'une vie commune :
p. 22 : « Tu demandes la raison de cette rupture, je te la donne, elle tient en un mot : l'ennui. Comment avons-nous pu passer si vite de l'émerveillement à la léthargie à la léthargie ? »
Pourquoi et comment quitter quelqu'un qu'on aime encore ? Paul commence par refuser cette rupture, ce n'est pas son choix. Il répond à Marie. Tous deux poursuivent la correspondance. Les mots sont élégants, l'analyse est fine, le texte est beau et tout un chacun peut s'y retrouver quelque part. Mais en s'écrivant ainsi, ne s'aimeraient-ils pas à nouveau ? Les propos se font à nouveau séducteurs et amoureux, en quête d'un nouvel espoir, l'amour pas tout à fait mort se frayant son chemin dans la nostalgie douce. La fin, superbe et mystérieuse, triste peut-être, laisse le lecteur pourtant dans un cocon de douceur : ce texte est beau, tout simplement.
(et j'aimerais le voir joué, mais je ne suis pas parisienne!)
Albin Michel, octobre 2013, 70 pages, prix : 10 €
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Crédit photo couverture : © éd. Albin Michel