Rêve d'amour - Laurence Tardieu
Alice, 30
ans, cherche à retrouver le souvenir de sa mère, morte alors qu’elle avait 5 ans, et dont elle n’a plus qu’une image floue de vêtement bleu, dont elle ne sait d’ailleurs si elle est rêve ou
réalité. Alors que son père meurt et qu’elle ne lui a pas encore dit combien elle l’aime, dans un dernier souffle, il lui confie que sa mère a aimé un autre homme, un peintre, Emmanuel Bisani.
Elle le retrouve rapidement pour qu’il lui parle de sa mère, car elle n’a même pas une photo. Qu’est-ce qui a pu pousser son père à tout détruire, souvenirs, tableaux et photos… ?
L’histoire est aussi simple que cela, mais l’écriture ô combien magnifique. C’est un texte qu’on lit lentement, pour en apprécier chaque mot, chaque souffle,
un livre d’une beauté rare et délicate. Il en ressort une douceur, une fragilité, autant qu’une force intérieure, un élan vital qui pousse à savoir, à chercher, pour s’apaiser, enfin. Car c’est
de cela dont il est question aussi : l’apaisement. Sortir du vide pour vivre enfin, aimer, mais pour se faire il faut passer par toutes ces questions obsédantes qui scandent la quête de
l’histoire maternelle. Un très très beau livre, intime, sobre et élégant. Et de très belles réflexions sur l’écriture, le souvenir et l’amour. Quand vous l’aurez achevé, vous n’aurez plus alors
que l’envie d’aller écouter les Rêves d’amour de Listz, pour rester encore un peu avec Alice, Blandine et Emmanuel.
p. 22 : « (…) mon père meurt et l’été flamboie, mon père bientôt ne sera plus là et je me demande soudain ce que je sais de lui,
quelles certitudes, nous nous sommes tant aimés et jamais rien dit, la douleur passait tant entre nous, la douleur de l’absente, la douleur de la femme perdue, la douleur de la mère
disparue. »
p. 60 : « «Est-ce une folie d’être venue ? Cet homme a-t-il vraiment aimé ma mère ? L’a-t-il aimée comme je rêve que ma
mère ait été aimée ? »
p. 134 : « J’ai écrit longtemps. Je crois que je vais bientôt finir le livre. L’histoire que je raconte n’est pas la mienne, mais
il s’agit pourtant de moi : celle qui court dans le livre ressemble à celle qui court dans la vie. C’est la même quête, ce sont les mêmes questions, qui restent sans réponse, obsédantes,
ouvertes, nécessaires. Ecrire, c’est s’approcher au plus près de certaines brûlures. J’ai su que le livre parvenait à son terme, parce que je me suis retrouvée. »
p.156 : Les livres ne se finissent pas : le mouvement qui les a fait naître, qui les a fait battre, ne s’achève pas. Les vies non
plus.
J’ai écrit la dernière page cette nuit. Je ne sais pas à quoi ressemble le livre, d’autres le sauront pour moi. Il me semble avoir accompli
quelque chose. J’en suis heureuse. »
Stock, janvier 2008, 158 pages, prix : 15,50
€
Ma note : 5/5
Crédit photo couverture : éd. Stock et Amazon.fr
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