La vie m'a dit... - Christine Orban
Il fut un temps lointain où j’ai aimé quelques romans de Christine Orban. Au début de l’année 2009, son dernier « n’oublie pas d’être heureuse » m’avait tant ennuyée que je crois bien ne même pas l’avoir fini. Il y a deux ans, elle publiait un recueil de citations et petites phrases, que j’avais feuilleté en librairie, et qui sous un joli titre, Petites phrases pour traverser la vie en cas de tempête et par beau temps aussi, me semblait surtout cacher un gros vide. Aujourd’hui paraît un nouveau recueil, « fait d’instantanés, de phrases entendues, de scènes surprises ici ou là, d’observations. Attraper la vie avec une succession de phrases. » Dit comme ça, l’idée est attrayante. Le découpage est organisé : dans la vie m’a dit, il y a « je connais quelqu’un », « j’ai entendu », « je me souviens » (tiens, ça quelqu’un l'a déjà fait !), des thématiques, l’amour, l’amitié, la sagesse, la solitude, la déception, etc. Comme ça ne semblait pas suffire à remplir une centaine de pages très aérées, l’auteur y ajouté des citations d’écrivains, de Molière à Flaubert, de Sénèque à Proust, en y mêlant des propos d’inconnus, un élève du lycée Surcouf à Saint-Malo, un petit enfant du Bhoutan… Le hic, c’est qu’hormis les citations de grands auteurs qui tombent hors propos comme des cheveux sur la soupe, l’ensemble de ces phrases ultra courtes est d’une vacuité telle que je ne sais quels exemples vous donner, tous plus plats les uns que les autres.
p. 19 : « Peut-être ne faut-il pas trop connaître les gens »
p. 15 : « Je connais quelqu’un qui ne fait rien par peur de faire mal »
p. 53 : « Faute d’affection, contentons-nous de la politesse »
p. 33 : « Je me souviens des jupes-culottes »
p. 91 : « Attendre c’est perdre un jour en espérant un autre »
Je ne sais pas ce qu’elle vous raconte à vous, la vie, mais moi il me semble que même à la pause café entre collègues, ou en discutant avec mes enfants ou en écoutant une conversation à la caisse du supermarché, la vie m’apprend des choses plus intéressantes que ça !
Je vous livre quand même deux phrases qui me semblent avoir leur place dans ce recueil :
p. 22 : « J’ai entendu des gens parler et ne rien dire »
p. 107 : « C’est aux livres et aux disques médiocres qui sont encensés que l’on mesure le pouvoir de l’artiste sur la presse ».
CQFD.
Albin Michel, novembre 2009, 176 pages, prix : 12,50 euros
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Crédit photo couverture : © BSIP / Philip Rosenberg et éd. Albin Michel.