Les jardins d'Hélène

La coloc - Jean-Philippe Blondel

14 Mars 2015, 18:32pm

Publié par Laure

 

 

Une présentation de l'éditeur pour savoir de quoi ça cause (après deux compte-rendus de réunions de quatre pages chacun et des articles professionnels, je suis un peu fainéante en résumé) :

 

« Les parents de Romain ont hérité d'un grand appartement situé dans la ville de son lycée. Ils hésitent à le vendre ou le louer. L'adolescent y voit un coup de pouce du destin : et si c'est lui qui l'habitait, moyen d'en finir avec les longs trajets en car entre le domicile familial et son bahut ? ! Les parents se laissent convaincre et il faut alors trouver deux autres co-locataires. Une année pleine de changements s'ouvre pour Romain, entre émancipation, amitié et contraintes de la vie en communauté. »

 

Ce roman a une saveur (et une valeur) particulières pour moi. J'en connais l'existence depuis 18 mois environ, tout comme je savais qu'il serait dédicacé à mon JB … L'auteur m'avait donc prévenue : celui-ci, tu ne pourras pas le chroniquer, tu ne serais pas objective !

 

 

C'est donc en tant que maman d'un ado en coloc que je l'ai lu (enfin l'ado est aujourd'hui un jeune adulte qui ne vit plus en coloc - ce fichu délai entre temps d'écriture et temps de publication - mais qui envisage de remettre ça l'an prochain, pourquoi pas)...

 

J'ai passé la première moitié à le parsemer de post-it et à éclater de rire. J'ai aimé ces 3 ados différents mais à la personnalité plus complexe qu'il n'y paraît. Jean-Philippe Blondel sait observer les jeunes qui l'entourent et mettre en fiction leur quotidien, sans oublier de garder un œil sur les parents au passage, et les bouleversements qui s'ensuivent.

 

C'est un roman d'apprentissage (de la vie en communauté, de la vie tout court, du passage de l'adolescence à l'âge adulte), un roman de vie au goût réaliste qui s'attache à dénouer les sentiments intérieurs, ce tourbillon intime que l'auteur sait si bien décrire.

 

La seconde moitié m'a semblé plus convenue, m'a moins intéressée dès lors qu'il s'est agi de trio amoureux, mais je ne suis pas le cœur de cible de la collection (qui s'adresse aux ados je le rappelle), les amours adolescentes ne m'ont pas vraiment touchée... J'ai aimé le parcours accompli par Romain en un an de coloc, et le positif qui en ressort toujours.

 

Constance, la petite sœur de JB, voulait savoir s'il y avait l'histoire du poulet dans le roman : ceux qui me suivent sur Facebook se souviennent peut-être de l'épisode, mon grand m'avait appelée au bureau un samedi matin, j'étais au prêt en train d'enregistrer les retours et les emprunts des lecteurs, et lui était dans un rayon de Carrefour à 200 km avec ses potes : « le poulet, je prends un blanc, un jaune ou un noir ? Et je peux le cuire dans un sac ? » J'avais éclaté de rire, lui avais donné ma préférence en matière de couleur de poulet, et avais mis quelques secondes à comprendre qu'il parlait des sachets cuisson en papillote au four... Ce n'était pas le moment – je travaillais – mais j'avais fondu à l'idée que mon grand dadais ait encore besoin de sa maman pour choisir sa pitance...

 

p. 85 : « Je m'étais mis à préparer les repas, parfois. Rémi était occupé par Maxime, il fallait bien que quelqu'un s'y colle. Je me disais que puisque Rémi y parvenait sans effort, ça ne devait pas être trop compliqué. Ça a été plus difficile que prévu. La première fois, je m'étais mis en tête de cuisiner des morceaux de poulet en papillote – sur la notice, au dos du paquet, cela semblait simple comme un jeu d'enfant. J'ai mal refermé les papillotes. Résultat, le four était bon à nettoyer de fond en comble et le poulet trop cuit. »

 

Mon JB m'avait juste renvoyé un texto pour me dire que le poulet était extra et le four nickel.

D'ailleurs, pour ses 19 ans, je m'étais moquée de lui en lui offrant l'intégrale des papillotes Maggi.

 

Et à l'heure où je tentais de répondre à cette question d'élèves de 4ème : « mais madame, ça sert à quoi de lire ? Pff ! », j'ai aimé ce passage :

« p.17 : C'était mon choix, le littéraire – un choix qui a laissé cois mes parents, qui ne voyaient pas de qui je pouvais tenir cet intérêt pour les livres, le cinéma, la musique. Pourtant, c'est simple. La culture pour moi, c'est de l'évasion. Quand je me plonge dans un livre, dans un film ou dans un morceau, je ne suis plus loin, je n'habite plus loin de tout – je suis parisien, londonien, new-yorkais, indien – et mon existence est pleine de péripéties, de retournements, de délires, de peines, de joies immenses. Tout ce que je ne connaissais pas l'an dernier. Tout ce que j'ai expérimenté cette année. Tout ce qui peuple maintenant les romans que j'avale, les films que je regarde et les notes qui résonnent dans mon casque. Ma vie se déploie et prend de l'ampleur. Et je n'en reviens pas. »

 

Et ce passage qui m'a définitivement fait basculer dans le clan des vieux :

p. 34 : « -Qu'est-ce que tu en dirais, Hélène ?

Hélène force un sourire et répond :

- Oui, pourquoi pas, ce pourrait être marrant.

Marrant. Maxime a relevé la tête en même temps que moi. Nos regards se sont croisés. Nous avons souri de concert. Personne n'utilise plus le terme « marrant » depuis une décennie."

 

Je n'ose plus dire marrant.

 

Pourtant, ils m'en ont fait voir les deux lascars, le soir où ils m'ont pourri le livre d'or d'une expo, et où ils n'ont pas été capables d'être sages deux minutes. J'en souris encore tendrement. Elle était vraiment moche étonnante l'expo. Ils ont osé, eux.

La coloc - Jean-Philippe BlondelLa coloc - Jean-Philippe Blondel

JBA et JPB sont officiellement devenus Grands Copains des Zarts le 08 février 2010.

 

Actes Sud Junior, mars 2015, 145 pages, prix : 12,50 €

Crédit photo couverture : © Benjamin Taguemont et éd. Actes Sud junior

 

 

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V
Je viens (enfin) de le lire et j'ai de suite pensé à ton JB en voyant la dédicace (et me souvenant sans doute vaguement de ton post par ici). C'était, comme à chaque fois avec Blondel, un bon moment de lecture !
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F
merci de cette lecture. Super de trouver les inspirateurs. Moi aussi, je disais "marrant"
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N
J'adore ce billet...! Savoir que ce roman a une histoire et que toi, lui... y êtes un peu pour quelque chose... Je viens de le terminer et ce billet lui donne une dimension toute nouvelle, merci !
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L
En fait mon fils n'y est pas pour grand-chose, mais il vivait cela au moment où JPB écrivait, et on s'était rencontrés à ce moment-là également, mais les souvenirs sont surtout ceux de l'auteur je pense...
E
Suis allé le chercher ce midi en librairie... et me suis cassé le nez. Encore deux jours à patienter :-)
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L
ah mince, je voulais le préciser, et puis je me suis dit que personne n'allait se précipiter en librairie après m'avoir lue ! (en fait il devait sortir le 4 mars, il y a du retard et un report au 18 mars, mais JP disait l'avoir vu en librairie à Orléans je crois, donc ça semblait un peu coup de bol ou pas.)
E
Quoi ??!!! Des papillotes industrielles ??!!!! Mais tu veux le tuer ton ado ? :-D<br /> Un Blondel bien spécial, pour toi, en effet ! J'espère, au moins, que tu as eu le droit à une belle dédicace perso ;-) Et fiston, il en a pensé quoi ?
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L
Les ados ont l'estomac résistant ;-) (et apprécient toujours de rentrer chez maman pour le vrai poulet à la broche qui salit bien le four) <br /> Eh non, pas de dédicace perso, (envoi par l'éditeur) mais je le croiserai bien sur un salon pour la faire ajouter ... Fiston est très fier, mais à 20 ans, il ne lit plus que des trucs dont je ne comprends même pas le titre, mais si je l'abandonne dans sa chambre, il y jettera peut-être un œil l'une des rares fois où il rentrera (c'est qu'avec ses 2 apparts à Nantes pour les études et à Paris pour le boulot, la campagne sarthoise passe un peu à l'as) :-)
S
Ton billet me donne le sourire !
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L
à moi aussi, mais il faut que j'arrête de sourire béatement devant l'écran, j'ai une étudiante à nourrir.... du riz ou des pâtes, ça devrait le faire, ça change du poulet :-)
J
:)))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))))) jp
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L
Tiens d'ailleurs j'y pense à l'instant : cette année il tient campagne pour gérer le bureau des arts à Centrale, il n'a même pas eu l'idée du bureau des sports ;-)