La fourmi rouge - Emilie Chazerand
Vania Strudel, 15 ans, n’est pas une ado comme les autres. Enfin en vrai, si, mais elle est quand même sacrément déjantée et capable des pires horreurs sur ses camarades pas tendres avec elle non plus. Il faut dire qu’elle n’est pas partie gagnante dans la vie, avec un ptosis congénital à l'œil gauche (sa paupière s’affaisse sur son iris, comme Columbo), et “un blase de protège-slip accolé à une pâtisserie autrichienne bourrative” (p. 13).
Le ton est donné ! Vania vit seule avec son père, sa mère est morte quand elle avait 8 ans. Taxidermiste un peu foufou, il l’entoure d’animaux morts empaillés, et a customisé sa voiture en “ouaflure”, la honte pour Vania ! Celle-ci dresse un portrait drôlatique des personnages qu’elle fréquente (voisins, camarades de classe, amoureux) et comme toute ado, subit nombre de moqueries et rend des coups bas, mais la narration de ces événements complètement déjantés ne peut que faire sourire.
Pourtant le harcèlement souvent humiliant aurait pu la laisser à terre car sa souffrance est réelle., mais c’est aussi sa force de caractère qui lui permet de ne pas se laisser abattre.
La veille de son entrée en classe de seconde, un email anonyme et mystérieux l’incitant à être “la fourmi rouge parmi les noires” lui donne l’énergie de s’interroger, de revenir sur les faits marquants de sa vie, et de se confier aux bonnes personnes pour les surmonter.
C’est donc un vrai roman d’apprentissage dopé à l’humour, qui réserve pas mal de surprises au lecteur.
Un personnage d’adolescente hors du commun, et un langage qui “déménage” pour mettre en avant la différence et l’assumer.
(3 étoiles seulement car mon regard d'adulte a parfois trouvé les accumulations un peu lourdingues et la banalisation de la violence scolaire m'a gênée)
(à partir de 13 ans)
éd. Sarbacane, août 2017, 254 pages, prix : 15,50 €, ISBN : 978-2-84865-998-5
(existe en poche chez Gallimard Jeunesse,coll. Pôle fiction, 7,80 €)
Crédit photo couverture : © éditions Sarbacane