Les jardins d'Hélène

Marche ta peine - Maryvonne Rippert

6 Mai 2024, 09:50am

Publié par Laure

Ulis, 14 ans, purge sa peine en devant randonner pendant 2 mois à travers la France avec un éducateur, afin d’éviter le centre de détention pour mineurs. « Marche ta peine » est à prendre au sens littéral. Chaque jour il doit également écrire un journal destiné à la juge : une chose vue, un souvenir, et une pensée.

Le lecteur découvrira au fil du texte la raison de la condamnation d’Ulis, tout comme son évolution intérieure.

C’est un roman dense, touffu, facile à lire mais qui aborde une multitude de thèmes, trop peut-être. Le harcèlement scolaire, la responsabilité, la culpabilité, la justice, le pardon, l’amitié, le premier amour, l’homosexualité, le handicap, l’écriture, la culture, dans le dernier tiers en particulier, c’est un peu chargé.

Dès le départ rien ne se passe comme prévu car Ulis ne partira pas avec l’éducateur envisagé, mais un vieil homme bougon et taiseux qui a lui-même vécu une histoire dramatique, avec laquelle il faut vivre. C’est bien l’histoire de ce personnage qui va nourrir le roman et le lien entre les deux hommes.

Les personnages secondaires sont importants également, jusqu’au chien Capi, Capi et Vitalis, il n’aura pas échappé au lecteur aguerri que ces noms sont empruntés au roman d’Hector Malot, Sans famille.

Une lecture intéressante, qui aborde la gravité du harcèlement et ses conséquences « à vie », mais qui aurait mérité à mon sens de réduire un peu le nombre de sujets abordés.

 

 

Extrait p. 244 : « - ça nous sert à quoi tout ça ? Lire des livres, apprendre des trucs de l’ancien temps, une langue que plus personne ne parle ? […]

- Pourquoi tout devrait-il être utile à quelque chose ? La beauté est-elle utile ? La lecture donne du plaisir, c’est son premier moteur et sa raison d’être. Mais lire demande un effort. Lire laisse entrevoir des modes de pensée, des coutumes, des façons d’agir différentes de celles que l’on croirait a priori les seules valables parce que les nôtres… Lire c’est donc entrer dans la pensée ou l’imaginaire d’un inconnu grâce à des mots qui ne sont pas les nôtres. C’est aussi enrichir son vocabulaire et pouvoir s’exprimer de façon plus subtile…. En lisant, on élargit le champ de sa vision, on amasse une culture générale. Tu vas me répondre : « à quoi ça sert, la culture ? » Eh bien, peut-être à profiter de ce que l’humain a créé en bien ou en mal depuis qu’il est apparu sur terre, tout ce qu’il a nommé et recensé. Tu es jeune, Ulis, tu as de la chance !  […] »

 

 

Milan, août 2022, 318 pages, prix : 15,90 €, ISBN : 978-2-408-03577-8

 

 

Crédit photo couverture : © Victor Lejeune et éd. Milan.

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