Signé poète X – Elizabeth Acevedo
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Clémentine Beauvais
Xiomara, littéralement « celle qui est prête pour la guerre », 16 ans, a un frère jumeau, Xavier, qu’elle préfère appeler Jumeau. Ils sont le cadeau qui a permis au couple formé par leur parents de ne pas exploser.
Installés à Harlem, ils sont originaires de République Dominicaine. La religion occupe une place essentielle dans leur vie, surtout dans celle de la mère.
Et si les relations mère-fille allaient à peu près bien le temps de l’enfance de Xiomara, il en est bien autrement avec l’apparition de la puberté et des formes généreuses de l’adolescente. Victime de harcèlement, d’injures, de moqueries et blagues salaces, si sa mère veut avant tout la protéger, elle l’enferme dans un carcan insupportable, en lui interdisant toute sortie et fréquentation autres que l’église.
C’est dans un cours de slam lancé par sa prof de français et le carnet offert par son jumeau que Xiomara trouvera la force de s’affirmer et de se libérer, la lumière dans la puissance des mots. (P. 47) : « Parfois c’est comme si écrire, c’était le seul moyen de ne pas souffrir ».
La force du texte est tout entière dans son écriture en vers libres, courts chapitres de slam, poèmes signés X (pour Xiomara), que le lecteur est souvent tenté de déclamer à voix haute.
L’histoire en elle-même aborde des sujets classiques de l’adolescence : le désir sexuel, le premier amour, l’homosexualité, l’opposition au modèle parental, et dans celle-ci en particulier, la religion prédominante qui étouffe et contraint. Cet aspect-là est peut-être celui qui est aujourd’hui le plus éloigné de notre culture française, et encore pas tant que cela si l’on remonte trente ans en arrière.
La traduction de Clémentine Beauvais, romancière par ailleurs et spécialiste de la traduction en vers libres, est au top, même si bien évidemment je ne connais pas la VO, il faut néanmoins en souligner la qualité.
Un roman original et au message fort !
Extraits :
p. 60 : Ce qui
m’apaise
c’est mon carnet,
écrire écrire écrire,
tout ce que j’aurais voulu dire,
transformer en poèmes-lames
toutes mes pensées coupantes,
les imaginer trancher net
mon corps pour
que j’en
sorte.
p. 366 : « Les mots, ça donne la permission
d’être soi-même. De l’être complètement. »
Dès 13/14 ans.
Nathan, août 2019, 381 pages, prix : 16,95 €, ISBN : 978-2-09-258729-4
Crédit photo couverture : © Gabriel Moreno, design Erin Fitzsimmons / Nicolas Vesin et éd. Nathan