Les jardins d'Hélène

Après - Nikki Gemmell

17 Août 2020, 14:43pm

Publié par Laure

Traduit de l'anglais (Australie) par Gaëlle Rey


 

L'écrivain Nikki Gemmell offre dans cet Après une réflexion sur la perte brutale de sa mère, leur lien distendu, l'amour maternel, et l'euthanasie dans un pays où elle demeure illégale.

Son monde s'écroule lorsque la police vient lui annoncer sur le pas de la porte de le décès de sa mère. Elle se rend à la morgue reconnaitre le corps, et attend les résultats de l'autopsie car tout porte à croire qu'il s'agit d'un suicide. Depuis des années, sa mère, Elaine - qu'elle avait elle-même réécrit en Elaine -, ancienne mannequin, souffrait terriblement après une opération chirurgicale ratée. On connait les conséquences des opioïdes lorsque leur prescription n'est pas strictement encadrée, et l'addiction qu'ils entrainent.

Nikki Gemmell revient sur sa relation à sa mère, pas toujours heureuse ni sereine, sur la difficulté à accepter le choix de sa mère de mourir seule et dans le secret, et pose alors le débat non résolu de l'euthanasie ou du suicide assisté en cas de phase terminale d'une maladie ou de douleurs insurmontables et intraitables.

D'abord sceptique sur ce qu'allait pouvoir m'apporter ce récit personnel, je me suis laissée prendre dans les pensées de l'auteur, et l'ai accompagnée jusqu'à la fin de son livre, qui s'achève dans l'apaisement.

Les questions soulevées sont bien évidemment universelles, et inégalement traitées selon les pays quand il s'agit de la mort. La relation de Nikki à sa mère et à ses enfants, cette position entre deux générations, peut toucher tout un chacun également.


Un livre choisi au hasard d'un passage en bibliothèque, parce que j'avais aimé le premier roman traduit de l'autrice (La mariée mise à nu), et qui s'est révélé plus intéressant que je ne l'imaginais.

 

Extraits :

p. 95 : "je considère aujourd'hui tout ce qui s'est passé avant que la police ne vienne frapper à ma porte comme faisant partie de mon monde "d'avant". Un monde qui me semble très lointain. A la seconde où les policiers ont dit "C'est votre mère", mon existence a basculé dans un autre monde, le monde "d'après". Un monde beaucoup moins insouciant. Où j'évolue avec fragilité et déséquilibre. Mon état, désormais : démolie."


p. 118 : "Maintenant, elle n'est plus là. Je suis libérée d'elle, libérée de tout ça. Je n'ai plus besoin de rester ici. Désormais, je peux aller n'importe où, sans ancrage. La fin est un début et je ne le supporte pas. Je ne sais plus où est ma place.
J'ai besoin d'une bouffée d'air frais. De me cacher. De disparaître. De me reconstruire."


p. 148 : "Ce que j'ai appris : qu'un parent ne peut pas façonner la vie de ses enfants à sa manière, même s'il en nourrit un désir profond. Nous devons prendre du recul et les regarder évoluer, devenir la personne qu'ils sont censés être, que ça nous plaise ou non. Nous devons nous tenir à l'écart, les accepter, et les aimer."

[C'est une évidence pour moi mais comme j'aimerais que ce le soit davantage pour certains]


p. 303 : "Accepter le droit au choix individuel est signe de la maturité d'une nation. Dans une société moderne, la légalisation de l'euthanasie devient inévitable, car les individus qui la composent sont plus autonomes et déterminés dans leurs décisions."


p. 313 : "La souffrance devrait toujours ouvrir la porte à la sagesse."

 

 

Au diable Vauvert, janvier 2019, 335 pages, prix : 22 €, ISBN : 979-10-307-0242-2
 


 

Crédit photo couverture : Olivier Fontvieille/offparis.fr - Photographie de couverure : Sue Daniel - éd. Au diable Vauvert

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