Petite nuit - Marianne Alphant
Petite (grande ?) déception quand même que ce livre, dont j’attendais beaucoup. Trop sans doute. Je l’ai chéri, je l’ai souvent posé, repris, me suis concentrée, mais… [soupir]
Comment une telle quatrième de couverture ne pourrait-elle pas faire envie ? : « La lecture : un pli, une addiction. Le livre : gri-gri, doudou, fétiche, objet transitionnel. La lectrice : passant et repassant depuis toujours à travers les mêmes histoires, les héros préférés, les auteurs familiers dont les figures s'entrecroisent comme sur le divan d'un analyste. »
C’est un livre un peu difficile, exigeant en tout cas. Sur le divan d’un psychanalyste lacanien, une femme parle. De ses lectures ? Le début est assez déroutant, qui semble juxtaposer des extraits de livres, romans ou poèmes. Le discours ensuite semble ramener à des souvenirs de lectures, fourmillant de détails sur certaines œuvres, certains auteurs et leur vie. Une solide culture classique est vivement conseillée sous peine d’être assez vite perdu, ce qui gâche un peu le plaisir. Il est souvent question de la comtesse de Ségur, de Stendhal, Bougeault, Winnicott, mais voilà, c’est trop précis, trop détaillé, et je me suis souvent égarée, le « Oui ? » du psychanalyste censé relancer le discours et ponctuant régulièrement le texte ne suffisant pas à rafraîchir mon attention. La femme sur le divan ne parle pas d’elle, est-ce elle qui parle d’ailleurs ou ne serait-ce pas la lecture elle-même ? Et souvent on se demande si les propos sont un extrait de livre, parfois c’est évident, souvent non.
Livre pointu, d’une écriture particulière, mais voilà, pas facile. Et je ne suis pas théoricienne pour comprendre la démarche d’écriture ou le procédé. Je n’en garderai donc que deux extraits, les seuls qui ne nécessitent pas d’avoir fait l’ENS pour les comprendre :
p. 48 : « Prenez soin de vous. Et qui le fera sinon les livres ? Très vieux besoin d’en avoir toujours un avec elle – grigri, viatique -, celui qu’on a commencé la veille et qu’on traîne avec soi, fût-il incommode et lourd et tombant en miettes. A tout hasard, se dit-elle, au cas où : un rendez-vous qui s’annule, un métro en panne, un ascenseur qui s’arrête entre deux étages – on ne sort pas de chez soi sans cet en-tout-cas, le livre. Une peluche, un objet transitionnel, dirait Winnicott, un vieux linge. »
p. 121 : « Cette faim de livres toujours et partout, ce besoin tenace, obscur. Cette avidité jamais rassasiée. D’où est-ce que cela nous est venu ? murmurait encore Béatrice dans ses derniers jours. »
Deux thèmes qui avaient tout pour me plaire : la lecture et la (psych)analyse, mais une œuvre trop exigeante ou trop conceptuelle pour mon pauvre petit neurone lavé au C°°°-C°°° d’une grande chaîne française ? Même le titre était beau, quand on pense à ces petites nuits que nous font passer les livres…
A voir sur le site de l’éditeur : ici
Un grand merci à Cuné qui m’a offert ce livre parce que je l’avais mis dans les tentations les plus grandes de ma liste !
Ed. P.O.L, janvier 2008, 247 pages, prix : 15 €
Ma note : 2,5/5
Crédit photo couverture : éd. P.O.L