J'ai oublié de la tuer - Tristane Banon
Flore ou la douleur de l’enfance battue. Voilà le roman de Tristane Banon, paru en août 2004. C’est le récit d’une petite fille, Flore Dubreuil, élevée par une nourrice alcoolique et violente prénommée Amira, « 113 kilos de graisse, d’alcool et de tristesse aussi », dans l’indifférence la plus totale d’une mère toujours absente, femme d’affaires qui ne veut rien voir rien savoir, et encore moins s’encombrer d’une fille. Le déni maternel et la violence des coups sur l’enfant, c’est cruel. Flore narre son parcours jusqu’à ses 15 ans, la solitude, les mains tendues et le temps qui fait son affaire, puisque son désir le plus cher de tuer la bonne, elle l’aura finalement oublié.
J’ai un problème avec ce roman. A sa parution il a fait du bruit, annoncé comme une autofiction écrite sous pseudonyme, l’auteur serait fille de femme politique connue. (cf. ici par exemple). Dès lors le public ne s’est pas intéressé à un roman, mais à un article people, cherchant le vrai et/ou le sale dans la pseudo fiction.
En tant que roman, tel que je l’aborde aujourd’hui, je ne lui trouve rien d’exceptionnel. Des romans sur l’enfance malheureuse, détruite et violentée, j’en ai lus. Je les ai souvent finis en larmes. Ce qui manque pour moi dans ce roman de Tristane Banon, c’est l’émotion. Une froideur, certes compréhensible au vu du vécu du personnage, une haine farouche que je trouve bien fade, un pied de nez d’une ado qui a réussi à s’en sortir, mais tout ça manque de poigne. Peu m’importe de savoir ce qui est vrai ou non dans ce livre, et c’est je crois ce mélange des genres médiatisé (roman ? autofiction ?) qui le dessert. Si vraisemblable il y a, il manque … ce que j’appellerais le talent. Il faut dire qu’il est difficile de rivaliser après le coup de poing dans l’estomac du bord de mer de Véronique Olmi.
Vite lu donc, mais pas indispensable.
Anne Carrière, août 2004, 130 pages, ISBN 2-84337-284-4, prix : 15 €
Ma note : 3/5