Mon roi - Nicolas Pelletier
Depuis quelques temps déjà, lorsque j’aborde une nouvelle lecture, je ne lis jamais les quatrièmes de couv’ ni les prières d’insérer, j’entre dans le texte, directement.
Et le premier chapitre de ce roi m’a un peu rebutée, un langage haché qui me déplaisait, mais je ne savais pas du tout dans quoi j’allais entrer. Ça
ne dure que quelques pages, et très vite on revient en arrière : 1978. Nicolas a 13 ans, il est le fils cadet d’une fratrie de 7, il vit dans un milieu aisé : père Directeur Général
d’Indosuez, mère Ministre du gouvernement de Raymond Barre. Ils passent Noël au ski, grande station des Alpes. Leur père les a rejoints, mais il ne sent pas bien, migraineux, fatigué, normal se
dit-on avec ce genre de vie très remplie. Et c’est l’accident vasculaire cérébral, l’hémiplégie, l’aphasie, la volonté extraordinaire du père pour s’en sortir et redevenir comme avant. C’est cet
après que nous narre l’auteur, avec un détachement suffisant pour ne pas mettre le lecteur trop mal à l’aise. Car dans ce genre de témoignage, que voulez-vous dire ?
Au-delà du récit du quotidien, d’un quotidien qui peut basculer du jour au lendemain et n’être plus jamais comme avant, c’est avant tout une belle déclaration d’amour d’un fils à son père, un fils un peu tenu à l’écart au départ, parce que trop jeune sans doute, mais qui n’a jamais voulu perdre sa complicité et sa relation à son père. Hommage au père, donc, qui a toujours refusé de se laisser abattre ; sentiment de malaise à l’égard de l’épouse qui a du mal à vivre cette nouvelle réalité, et perd souvent patience ou semble dure : c’était peut-être tout simplement trop dur pour elle ; le personnage attachant de la bonne entièrement dévouée à Monsieur, et qui semble apporter de la gaieté à ce monde, quelques passages impudiques sur l’éveil à la sexualité de l’auteur que j’ai d’abord trouvés malvenus mais qui trouvent leur place en se raccrochant habilement au handicap du père…
Le récit d’une bataille contre le sort et d’un sincère amour filial.
« Main dans la main, mon père et moi nous sommes forgés un autre monde, une illusion plus précieuse que la vie. » (4ème de couv, lue après, donc !)
Monique Pelletier, son épouse, et mère de Nicolas donc, avait déjà écrit un livre sur ce drame : La ligne brisée, au Seuil, en 1995.
L’avis de Cuné
Merci à Tatiana pour la recommandation ;-)
Fayard, janvier 2009, 311 pages, prix : 17,90 euros
Ma note :
Crédit photo couverture : éditions Fayard