Les jardins d'Hélène

Moi je - Arnaud Cathrine

17 Avril 2009, 06:59am

Publié par Laure

Moi je, c’est le père de Doriand, adolescent de 16 ans. Ils vivent seuls depuis que leur mère (et ex femme) est partie vivre à quelques pâtés de maisons de là, huit ans auparavant.

p.12 : « Je vous présente « Moi Je ». Avant je l’appelais papa, mais, franchement, je ne le reconnais plus. Alors c’est « Moi Je ». Mon père n’est plus mon père. Mon père est devenu en quelques heures un être terriblement autocentré et ennuyeux. Traduction : papa vient de commencer une psychanalyse chez un certain Robert. Il affiche un enthousiasme qui lui donne un air bête. Surtout il ne parle plus que de lui. »

On l’aura compris, ce père est en pleine crise existentielle et Doriand a déjà bien assez à faire de sa vie que d’avoir en plus à être le pilier de secours de son père. Car Doriand est amoureux de Julie, et il essaie de lui écrire, car il aimerait bien franchir le pas avec elle, cette fameuse première fois pour laquelle il est matériellement équipé. « Julie, je t’aime, mais tu n’apprendras rien : j’ai dû te le dire 35 282 fois depuis qu’on s’est embrassés la première fois. Et je voudrais faire l’amour avec toi, j’ai tout le matériel. » Pas très romantique pour parler des préservatifs sous le lit mais bon, c’est pas si facile d’écrire une lettre à son amoureuse hein ! Julie ne répond pas, et part en voyage à San Francisco. Doriand est un peu désespéré. Echanges de SMS avec son copain Sylvain, discussions avec sa mère, réflexion intérieure et début de roman, on suit d’un œil malicieux le chemin qui a des allures d’échec de Doriand. Rassurez-vous, ça finira bien. Malicieux parce que je ne sais pas pourquoi, j’associais souvent dans l’idée Arnaud Cathrine et Olivier Adam comme écrivant des romans ados assez tristes, douloureux, tournant autour de la mort et de la dépression. Et là surprise, j’ai éclaté de rire pas mal de fois, ce petit roman est bourré d’humour et de boutades bien à propos. Et Cathrine se moque de lui-même avec ce père qui écrit des romans que Doriand refuse de lire, des romans intitulés La route de Baya, mon démon s’appelle Martine, les Vies de Mika… , alors que Cathrine a écrit respectivement La route de Midland, Mon démon s’appelle Martin, Les Vies de Luka… C’est le genre de clins d’œil que je trouve toujours sympas ! Bref, Arnaud Cathrine m’a agréablement surprise avec ce roman alors que j’étais restée sur ma faim avec Vendredi 13 chez tante Jeanne et Mon démon s’appelle Martin…Bien sûr à la longue, le Moi Je de l’histoire devient un peu Doriand quand même, mais c’est un beau parcours entre adolescence et indépendance, prise en main de sa propre vie, un enfant, même adolescent, n’a pas à être le parent de son père…. Sans oublier les titres de chapitres savoureux et Daho en musique de fond.

 

Dès 14 ans je dirais…

 

Ecole des Loisirs, coll. Medium, mars 2008, 123 pages, prix : 8,50 €

Ma note :

Crédit photo couverture : © Franck Juery et EDL

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