Camille aime pas danser - Marie-Sophie Vermot
Camille, 14 ans, en classe de 3ème,
vit dans l’ombre de sa sœur Anastasia, 15 ans, en classe de 2nde, « brillante, belle, gracieuse ». Elles vivent seules avec leur mère depuis le départ de leur père, qui a
fondé une nouvelle famille ailleurs. Mais la tante Mathilde et la grand-mère sont très présentes. Un jour de shopping, Mathilde s’exclame sur le petit ventre à peine rond d’Anastasia :
l’adolescente est enceinte, mais s’est voilée la face.
La tante Mathilde va prendre la situation en main, planning familial, avortement en Espagne car les délais légaux français sont dépassés, tout cela sous le regard attentif de Camille, qui nous raconte l’histoire.
Ce qui est extrêmement surprenant dans ce roman, c’est l’attitude de la mère : elle fuit, ne veut rien savoir de tout cela, laisse les autres se débrouiller, part faire une cure de silence on ne sait où, mais ne veut surtout pas affronter le problème, ni même en entendre parler. Immature et irresponsable. Personne ne la juge ni ne cherche à comprendre, aucune tentative d’explication : on la laisse à sa petite vie, les autres gèrent à sa place, et tout paraît si normal et si facile. C’est agaçant et l’on reste sur sa faim.
Que ce soit sur le personnage de la mère ou le parcours de l’avortement, le récit est extrêmement détaché, reste en surface des choses, suit un fil logique et sans embûche, où tout semble à la fois simple et hors du monde. Camille tente bien d’avoir un regard plus réaliste (notamment sur le fait que sa sœur ne reprenne pas sa scolarité immédiatement), mais elle ne fait pas le poids. Trop de questions sans réponses, de distance, de chevaliers servants (la tante, la grand-mère, le père qui débarque du Japon) m’ont laissée sur le bord de la route. Le personnage de la mère était intéressant mais l’on n’en fait rien, le reste me paraît « trop facile », sans véritable questionnement psychologique. 16 ans, enceinte, c’est trop tard pour avorter, bah on va à l’étranger tout de suite, et puis voilà. S'agissant d' un roman jeunesse, j'ai du mal à percevoir s'il y avait un message à faire passer et lequel.
J’avais commandé ce livre parmi d’autres auprès de ma libraire jeunesse (le commentaire enthousiaste de Clarabel sans douteJ), et puis en récupérant ma commande, elle a laissé échapper cela : « ah celui-ci je l’ai lu. C’est un roman sur l’avortement, mais …bof quoi. » Déstabilisée, je n’ai pas osé le retirer de mon panier, mais après lecture, je crois que j’ai la même conclusion qu’elle.
Ed. Thierry Magnier, août 2011, 110 pages, prix : 8 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : © Véronique Figuière et éd. Thierry Magnier.