Louise / les ours - Karin Serres
Je lis très peu de théâtre, je ne sais pas pourquoi, peut-être parce qu’on n’apprend pas aux enfants ou même aux adultes à lire du théâtre pour le plaisir, autrement que pour un atelier ou un travail scolaire. Peut-être aussi parce que je crois que le théâtre est fait pour être vu, pas lu (par ceux qui ne le jouent pas donc), bref, je ne sais pas parler de théâtre. (Pas plus que d’autres littératures soit dit en passant, mais de théâtre, encore moins !)
J’ai eu l’occasion de rencontrer Karin Serres récemment dans un salon du livre, pour un très chouette roman jeunesse (Mongol, cherchez pas, je n’ai pas écrit de billet), et j’ai appris alors qu’elle écrit surtout du théâtre, pour adultes et pour les jeunes. Elle est aussi décoratrice et scénographe, bref, le théâtre, c’est son domaine.
Soyons fous, j’ai pioché dans ses textes de théâtre à l’école des loisirs, et pour le premier que j’ai lu, j’ai adoré ! L’impression de retomber dans le plaisir de l’enfance, de rêver avec une histoire dont on se demande sans cesse où est la vérité, si c’est fantastique ou imagé, où est la réalité, faut-il seulement la chercher, laissons-nous juste porter par le texte…
C’est l’histoire de Louise, 11 ans, qui vit au Canada avec son père Ian et sa sœur Elinor. Elinor, c’est la génération ado parfaite : seuls les garçons l’intéressent, et se moquer de sa sœur ! Alors quand un beau jour Louise rentre en expliquant qu’un ours blanc la suit, un ours transparent, derrière elle, et qu’il lui parle, forcément tout le monde la regarde bizarrement, car Louise est bien la seule à le voir, cet ours. Même quand ils se démultiplient, les ours transparents, accompagnant son père, sa sœur, et les gens dans la rue. Existent-ils vraiment ces ours ? Louise est-elle folledingue comme le pense Elinor ? Représentent-ils des anges gardiens ? Ou un ami confident quand on n’est plus tout à fait une enfant mais pas encore une adolescente, comme un doudou rassurant toujours là pour soi ? Faut-il se prêter au jeu comme le papa ?
Un vrai plaisir de lecture que ce texte étrange qui joue sans cesse avec la réalité très terre à terre de l’adolescence, de la famille, du langage familier, de la vie banale et quotidienne, et le fantastique, étrange, bizarre… L’envie d’y croire et de ne pas se poser de questions, de prendre le texte comme il vient, parce que c’est très bien ainsi ! Une jolie découverte, et comme j’ai acheté quelques pièces, vous entendrez sans doute encore parler de Karin Serres dans ces pages…
Ecole des Loisirs, coll. théâtre, décembre 2008, 64 pages, prix : 6,50 €
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Crédit photo couverture : L’école des Loisirs.