Les jardins d'Hélène

Un amour – Madeline Roth

24 Juin 2025, 15:24pm

Publié par Laure

Il y a des rencontres fortuites parfois, entre un texte et un lecteur. Une rencontre d’abord, entre une libraire et une bibliothécaire, un conseil qui d’emblée me convainc, et puis j’ai déjà lu Madeline Roth en littérature jeunesse, je suis ses chroniques de libraire également. Comme si d’emblée je ne pouvais que me lover dans son texte.

C’est l’histoire d’un amour, que l’on pourrait penser banal, déjà lu, et pourtant, c’est une histoire qui touche au cœur par sa justesse, sa sensibilité, sa description. C’est un amour inégal, solaire, l’amant place sa liberté au-dessus de tout, bien avant elle, l’amoureuse. Elle s’interroge, met des mots intimes et universels à la fois sur sa douleur. On pourrait faire sienne chacune de ses phrases.

En lisant ce court texte (80 pages à peine), on pense inévitablement à l’écriture d’Annie Ernaux (dans Passion simple notamment), à retourner faire un tour du côté de chez Barthes, et juste après, à l’envie de lire désormais tout Madeline Roth.

 

Extrait p. 22 : « Je n’ai jamais pensé que l’amour sauvait. L’amour peut beaucoup de choses, mais il ne sauve pas. On se sauve soi-même, et puis c’est tout. J’ai toujours raconté ma vie aux gens que j’avais envie d’aimer. Le plus souvent, pas tout de suite. Je n’attendais rien. J’écris des livres parce que très tôt, dans ma vie, je n’ai plus pu parler. On peut aider l’autre, par la parole, par la présence, mais on ne le sauve pas. Je crois que quand on a compris ça, on a compris beaucoup de choses. »

p. 72 : « Hier, je suis tombée sur un passage d’un livre du peintre Gérard Garouste, qui disait qu’il y avait deux catégories de personnes dans la vie : les Classiques et les Indiens. Son père était un Classique, lui était un Indien

Tu étais un Indien. Tu es un Indien. Et moi je suis une Classique. J’en suis persuadée. Je suis persuadée que ce qui m’a plu tout de suite chez toi, c’est tout ce qui me manquait, à moi. La façon que tu as d’aborder la vie. (…) »

 

Éditions Do, mai 2025, 79 pages, prix : 13 €, ISBN : 979-10-95434-60-3

 

 

Crédit photo couverture : © Serge Gutwirth et éditions Do

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Pillow man, l’homme de nos rêves - Stéphane Grodet, Théo Calméjane (ill.)

17 Juin 2025, 12:46pm

Publié par Laure

Jean, franco-québécois, la quarantaine, est au chômage depuis trois ans. Souffrant de sévères maux de dos, il ne peut plus exercer son métier de chauffeur-routier. Insomniaque, il passe un entretien suite à une annonce transmise par un ami : devenir pillow man. Le job consiste à servir d’oreiller humain ou de doudou à des adultes esseulés qui ne parviennent plus à trouver le sommeil. Toute relation intime est strictement interdite, ce serait le licenciement immédiat.
Bien sûr il n’ose pas expliquer la nature de son nouveau job à sa femme, à qui il dit qu’il est veilleur de nuit pour un grand groupe de luxe. 

Les situations cocasses ou touchantes s’enchaînent, il réussit dans son job et goûte enfin à une vie matérielle plus confortable. Jusqu’au jour où, bien sûr, sa compagne découvre le pot aux roses. 

Une BD rafraîchissante, originale de par son sujet, qui soulève aussi de vrais sujets comme le marché du sommeil en France (à coup de potions magiques et de somnifère, business et santé publique, mais aussi la solitude. 

Le dessin est clair, classique, très coloré, avec une collection sympa de pyjamas.

Une BD doudou comme son héros, avec une fin un poil rapide et sèche qui m’a un peu déçue par sa facilité. 

A lire pour sourire !



 

Glénat, coll. 1000feuilles, septembre 2024, 224 pages, prix : 26 €, ISBN : 978-2-344-04849-8

 

 

Crédit photo couverture : © Théo Calméjane et éd. Glénat

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113 raisons d’espérer – Marie Colot

7 Juin 2025, 09:25am

Publié par Laure

Noé, quinze ans, est éco-anxieux au point qu’il en fait des crises d’angoisse et qu’il est invivable avec ses parents. Il reproche à sa mère d’être enceinte et accuse ses parents d’inconscience. Sa meilleure amie Rachel va lui offrir un « carnet d’émerveillement ». Plutôt que de lister tout ce qui va mal dans cette infobésité écologique, elle lui conseille de ne noter que des listes positives. Noé a du mal à démarrer, va commencer par modifier le titre (à plusieurs reprises) de son carnet, mais découvrir que finalement, des bonnes nouvelles il y en a.  Un événement familial va également lui permettre de se recentrer.

Un court texte dans une collection conçue pour les ados « petits lecteurs », avec un QR code en 4ème de couverture qui permet d’avoir la version audio du livre, lu par l’autrice.

J’aime les romans dans lesquels j’ai le temps de m’installer, alors forcément je suis un peu frustrée. Mais j’entends le cahier des charges de la collection, et le récit fonctionne et peut rassurer beaucoup de jeunes, ou les aider à appréhender le sujet et passer à l’action, plutôt que de ruminer leur anxiété.

La mise en pages insérant des listes sur des feuilles de bloc-notes arrachées dynamise la lecture, le petit jeu avec Rachel pour deviner le prénom de la petite sœur à naître apporte un peu de légèreté et d’humour au texte.

Une belle manière de passer du verre à moitié vide au verre à moitié plein.

 

(Dès 12 ans)

 

 

Magnard Jeunesse, coll. La Brève, septembre 2022, 76 pages, prix : 8.90 €, ISBN : 978-2-210-97473-9

 

 

Crédit photo couverture : © Manon Bucciarelli et éd. Magnard jeunesse

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Le dernier costume n’a pas de poche – Laurent Galandon et Paolo Castaldi

4 Juin 2025, 10:16am

Publié par Laure

A Zarzis, en Tunisie, Chamesddine Marzoug aide les migrants comme il peut, et surtout hélas, il leur a créé un cimetière, pour offrir aux anonymes morts en Méditerranée un dernier lieu où reposer en paix.

Un matin il est appelé par son cousin pour un jeune garçon qui erre seul. Abdoulaye est le seul survivant d’une embarcation qui a coulé, il dit avoir été sauvé par une tortue géante qui l’a pris sur son dos. Il espère retrouver sa mère arrivée à Zarzis depuis quelques mois déjà.

Multiplicité des points de vue, beauté de l’illustration, parallèle avec les réfugiés ukrainiens que l’Europe a accueillis sur des modalités spéciales, sans jamais porter de jugement l’auteur et l’illustrateur donnent à voir une lueur d’humanité dans un monde inhumain, c’est à la fois triste et beau de justesse. 

Chamesddine Marzoug existe vraiment, l’album s’achève par des photos prises par Laurent Galandon lors de leur rencontre.

 

Lire un extrait : ici

 

éd. Futuropolis, février 2025, 145 pages, prix : 23,00 €, ISBN : 978-2-7548-3581-7

 

 

Crédit photo couverture : © Paolo Castaldi et éd. Futuropolis

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