Août 2024 en couvertures...
En août, j'ai lu :
Quinqua, bibliothécaire, avec thé et chats. Je dépose ici les marques que mes lectures ont tracées.
En août, j'ai lu :
Alex, seize ans, a pris l’habitude de gérer sa vie seul bien malgré lui : son père est dans le coma depuis de nombreux mois, sa mère a refait sa vie et son beau-père l’horripile, sa grand-mère est morte, sa sœur aînée est en prison et son grand-frère Tony est devenu Tanya. ça fait un peu beaucoup, trop peut-être, pour le personnage comme pour le lecteur…
Heureusement il y a le psy devenu ami, à qui Alex peut se confier.
Le roman s’ouvre à l’hôpital avec une bonne nouvelle : son père est sorti du coma. Mais la mauvaise nouvelle est qu’il est condamné à court terme : il lui reste trois mois à vivre.
Il faut encaisser la nouvelle, et Alex se demande comment ne pas brusquer son père face à tous les changements qui sont intervenus dans la famille pendant son coma. Et s’il lui cachait la vérité ?
Il se prend alors à rêver de reproduire une scène d’enfance, souvenir agréable d’une famille unie et au complet. Le projet est insensé mais Alex va convaincre les siens.
Le lecteur peine à croire au scénario. Ce qui m’a incitée à poursuivre ma lecture, c’est de savoir si le père allait être dupe ou pas et comment tout cela allait finir.
C’est un roman d’apprentissage délicat, sur le passage - un peu forcé ici par les circonstances - de l’adolescence à l’âge adulte.
Hélas, je n’ai pas été vraiment touchée par cette histoire, pas assez réaliste à mon sens, trop extravagante et trop chargée dans les éléments casés (la transidentité, le premier amour, le deuil, la peur de la mort, le lien parental, etc. )
Peut-être ce roman saura-t-il séduire davantage les adolescents à qui il est prioritairement destiné ? (dès 14 ans)
Actes Sud jeunesse, août 2024, 336 pages, prix : 17 €, ISBN : 978-2-330-19474-1
Crédit photo couverture : © Actes Sud Jeunesse
C’est le nom de l’autrice, que je connaissais en jeunesse, qui m’a attirée plus que le titre, que je trouvais bien long et qui ne me parlait pas. Bien m’en a pris de tenter la lecture, car quelle claque ! Un vrai beau coup de cœur pour ce roman sensible et dur, qui touche par sa justesse, sa poésie et la beauté de sa narration.
Astrid, la quarantaine, a acheté une maison dans un hameau du Mercantour sans même la visiter. Elle fuit une vie perdue. On comprend très vite que ses deux enfants et son mari sont morts, sans savoir comment (on aura la réponse à la fin) ; on partage d’emblée sa souffrance. Peu après son installation, elle découvre dans la neige une jeune femme incapable de se relever, enceinte et épuisée. Soraya a à peine dix-sept, a fui la Syrie, et connaît le parcours atroce des migrants. O combien ce roman est plus parlant que bien des documentaires ou articles de presse !
Les deux femmes vont se reconstruire l’une l’autre, s’ouvrir peu à peu, ce n’est pas simple, ça demande du temps, de la patience, de l’humilité, de la bienveillance, mais tout cela sonne si juste dans ce roman de Marie Pavlenko ! La poésie, par les extraits cités en exergue des chapitres ou par les titres achetés par Astrid, apporte une vraie profondeur, beauté et douceur au texte.
C’est splendide, bouleversant.
J’ai craint un instant que l’intrigue ne bascule dans la facilité (l’écriture pour la jeunesse ado n’est pas loin, en particulier dans ce que va vivre Soraya avec un personnage), mais l’autrice a l'intelligence de ne pas céder au feel-good dans ce roman publié en littérature générale.
On voudrait ne pas finir la lecture pour ne pas quitter les personnages, tout en lisant quasi d’une traite pour vivre pleinement avec eux. C’est cela un roman réussi, non ?
Un vrai beau roman qui m'a émue et contenue dans sa bulle terriblement réaliste et représentative de ce dont l’humanité est capable, en bien comme en mal.
Extraits :
P. 30/269 (numérique) : “Sois sage ô ma douleur, elle comprend maintenant, oui, tranquille, tranquille. Il n’y a que a qu’elle arrive à lire. De la poésie, des éclats de lumière qui résonnent comme de gros gongs frappés en elle.
Il faut qu’elle trouve une librairie.
Astrid traverse un nouveau pan de forêt.
Le silence est plein d’yeux.”
P. 197/269 : “Écouter, prévoir, mesurer, soupeser, anticiper, attendre, réagir, dorloter, donner. De l’attention, de l’amour, de la patience, de l’énergie. Donner. Donner encore.”
Les Escales, domaine français, 22 août 2024, 352 pages, prix : 21 €, ISBN : 978-2-36569-807-8
Crédit photo couverture : © Hokus Pokus Créations et éd. Les Escales.
Rien n’est crédible dans ce roman, mais tout est joliment écrit : c’est l’histoire d’un homme et une femme, chabadabada….
Aurore sait que son mari va la quitter. Elle erre un soir et rencontre Simeone. Elle l’interpelle, l’emmène à l’hôtel, ils discutent, s’évadent, passent par Roissy avant de finir sur une plage normande. Ils roulent à 180 pour arriver avant le jour. C’est pas Deauville, mais le Touquet, c’est pareil. On sait que ça finira mal. L’indice est donné dès la première page, ce n’est pas un secret.
Deux grandes parties : selon Aurore, selon Simeone. Arrivée à celle de Simeone, j’avoue, je me suis un peu ennuyée. Mais 190 petites pages aux marges larges et bien aérées, ça se lit tout seul. Surtout un soir d’été. On aura toutes les clés, un twist final, pour ce joli roman qui fait passer un bon moment si vous cherchez une belle histoire triste, des définitions de l’amour, éthéré, bourgeois, piqueté de belles références culturelles, la mort en arrière-plan.
Pas certaine que ce soit un remède à la mélancolie, au contraire.
Ed. Grasset, mars 2023, 193 pages, prix : 19 €, ISBN : 978-2-246-83431-1
Existe en poche : le livre de poche, 2024, 7,40 €
Crédit photo couverture : © éd. Grasset
Tess et son meilleur ami Valentin attendent impatiemment la soirée chez Roxane, qui vit dans un château, non pas pour la fête, mais pour y tourner des séquences de leur web série parodique « Agent Samantha », qui met en scène une tortue en pâte à modeler qui rencontre un beau succès.
Autant dire qu’elle n’est pas ravie quand sa mère lui annonce qu’elle va devoir garder ses frère et sœur, Oscar, 9 ans, et Esmée, 12 ans. Tess tente de négocier mais sans succès, sa mère est sage-femme et un accouchement n’attend pas. Mais elle l’autorise à emmener sa fratrie avec elle. Venir à une soirée lycéenne avec son petit frère et sa petite sœur, la honte !
Vous avez dès lors le pitch que résume la couverture : Sœur aînée, n.f. : personne à qui on gâche la soirée de ses rêves.
Joli titre de la collection, qui aborde un sujet un peu moins lourd que d’autres, mais tout aussi réaliste et touchant. Esmée est particulièrement vraie dans son attitude tout comme Oscar, qu’on a envie de serrer dans ses bras. Leurs mots ne sont pas tendres, mais les événements de la soirée vont leur faire nuancer leurs propos et réaliser qu’au fond, ils s’aiment et forment une famille unie. Mais à chaque âge ses préoccupations, et il n’est pas toujours facile de communiquer, en particulier à l’adolescence !
Et la partie création artistique en vidéo sur les réseaux sociaux à partir d'objets montre un aspect positif de leur utilisation.
Idéal pour les collégiens, version audio disponible gratuitement avec un QR code en 2ème de couverture.
Nathan, coll. Court toujours, janvier 2024, 54 pages, prix : 8€, ISBN : 978-2-09-249668-8
Crédit photo couverture : © éd. Nathan
Le petit garçon de cet album se demande pourquoi il ne réussit pas à voir la vache dans la brique de lait, car si c’est comme les boites de petits pois, de sardines et de céréales, il y a bien à l’intérieur ce que l’on voit dessiné dessus. Aucun doute possible, elle doit être dedans. Mais comment fait-elle pour survivre ?
Il a peur que son papa lui fasse mal quand il ouvre la brique avec des ciseaux, et s’il ne l’entend pas meugler quand il passe devant le frigo, c’est qu’elle doit dormir car il y fait noir ? … et quand son père jette toutes les briques vides au recyclage, où vont-elles toutes ces vaches ?
Un album qui emprunte la forme d’une brique de lait, qui fait sourire l’adulte lecteur tant ce petit garçon est convaincu de son idée et tenace dans sa recherche, et on n’est jamais à l’abri d’une surprise avec les vaches, comme l’illustre très bien le dessin de Mayana Itoïz (l’illustratrice du loup en slip). D’ailleurs, la vache de la boite à meuh, comment fait-elle, elle ?
(Dès 3 ans)
Ed. Frimousse, réédition mai 2023, 32 pages, prix : 10 €, ISBN : 978-2-35241-314-1
Crédit photo couverture : © Mayana Itoïz et éd. Frimousse
Je n’avais pas lu de polar / thriller depuis une éternité, et bien m’en a pris car celui-ci m’a fait passer deux excellentes soirées. Si j’avais pu, je pense que je l’aurais même lu d’une traite tant les personnages m’ont habitée le deuxième jour, dans l’attente de reprendre ma lecture.
Talia Sorel est une nouvelle recrue du Raid, choisie pour la fonction de négociatrice. Deux cars scolaires avec à bord 66 enfants partant en classe de neige ont disparu. Ils se sont littéralement volatilisés. Une semaine après, tout le monde est à cran, le ravisseur se manifeste enfin, et exige de ne traiter qu’avec Talia Sorel. Comment la connaît-il ?
Dès lors va se dérouler un duel psychologique d’une tension extrême, et pour une fois, le blurb (cet éloge emphatique imprimé sur la couverture) ne ment pas : ce thriller est bien « implacable et addictif ». Aucun temps mort, et malgré une chronologie parfois chamboulée et des lieux différents, on ne se perd pas.
Le personnage principal est un manipulateur hors pair, mais il s’est peut-être un peu trop surestimé. Le lecteur en tout cas ne peut décrocher avant la fin. C’est cela un bon roman, non ? Une histoire qui fonctionne et qui vous embarque !
Éditions Belfond, coll. Belfond noir, mars 2024, 381 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-7144-0388-9
Crédit photo couverture : © Ebru Sidar / Arcangel / et éd. Belfond
Des petites tranches de vie d'une petite fille prénommée Koume (petite prune) et de sa grand-mère adorée Ume (prune). C'est mignon, dans de délicates teintes pastel, mais voilà, je ne trouve pas grand-chose d'autre à en dire.
La petite fille vit avec ses parents et sa grand-mère (jamais il n'est question des parents) et hormis leur complicité, il ne se passe rien et l'on n'apprend rien de son mode de vie ou de son pays par exemple. Si j'ai bien compris, il s'agit d'abord de publications Instagram rassemblées ici en un volume, je pense en effet qu'une lecture d'un strip au quotidien ou de temps à autre se prête mieux au contenu qu'une lecture linéaire en album.
Je préfère de loin par exemple le manga Une sacrée mamie qui apporte bien plus.
Série prévue en 3 tomes, accessible dès 7 ans
Le renard doré, avril 2024, 159 pages, prix : 12.90 €, ISBN : 978-2-81020-791-6
Crédit photo couverture : Junko Honma et éd. Le renard doré