Les jardins d'Hélène

romans etrangers

Qui sème le vent – Marieke Lucas Rijneveld

8 Novembre 2021, 12:00pm

Publié par Laure

Traduit du néerlandais (Pays-Bas) par Daniel Cunin

 

Lauréat de l’International Booker Prize en 2020, ce roman de la jeune Marieke Lucas Rijneveld (29 ans à l’époque) interpelle et impressionne fortement. C’est un roman sombre, à la fin surprenante et courageuse.

La narratrice, surnommée Parka du fait qu’elle ne quitte plus sa parka, s’en veut depuis la mort accidentelle de son frère sur le lac gelé, alors qu’elle venait de prier Dieu de le prendre lui plutôt que son lapin qui allait certainement passer à la casserole pour Noël. Comment vivre après cela ?

C’est bien tout le drame de cette famille protestante qui élève des vaches à la campagne, et chez qui la parole est difficile. Chacun tait ses souffrances. Les tourments vont s’ajouter les uns aux autres, et la petite fille s’enfermer dans un imaginaire débridé et des passages à l’acte sordides. Il faut avoir le cœur bien accroché sur tous ces passages relatifs à la scatologie (voire à la scatophilie), à l’inceste, au viol, à la violence.

Ils rendent la lecture extrêmement dérangeante, mais participent de la force du personnage, qui en devient inoubliable, jusque dans la fin en apothéose.

 

Buchet Chastel, août 2020, 286 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-282-03336-4

 

 

Crédit photo couverture : © Cyril Tissot-Daguette / Libella, Paris, 2020

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Nous vivions dans un pays d’été – Lydia Millet

27 Août 2021, 15:27pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Caroline Bouet

 

Une maison d’été entre amis au bord d’un lac. Les ados et enfants se rebellent normalement face à leurs parents, mais cela ira bien plus loin, face au comportement totalement indolent et insouciant des adultes qui privilégient leurs petits plaisirs personnels : alcool, drogue et sexe.

Quand une tempête cataclysmique s’annonce, les enfants prennent les choses en main, écœurés et inquiets de l’absence de réactions appropriées de leurs parents. Le récit bascule dès lors dans une atmosphère post-apocalyptique. On pense inévitablement à Dans la forêt de Jean Hegland, ou la route de Cormac McCarthy. Entre fuite et survie, les jeunes ont pris la place des adultes qu’ils rendent responsables de tout ce qui arrive, tant à la planète qu’à leur groupe.

Le thème n’est pas nouveau mais il apporte une écriture et un point de vue neufs qui rendent saisissant ce roman, notamment par quelques scènes inoubliables. Je me suis parfois perdue dans les nombreux personnages mais celui d’Evie qui mène le récit est un bon point d’ancrage pour entrer dans ce « monde à l’envers ».

 

 

 

 

 

Ed. Les Escales, août 2021, 256pages, prix : 21 €, ISBN : 978-2-36569-570-1

 

 

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus créations / et éditions les Escales

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L'amour par temps de crise - Daniela Krien

18 Août 2021, 10:51am

Publié par Laure

Traduit de l’allemand par Dominique Autrand

 

Cinq histoires de vie, celles de Paula, Judith, Brida, Malika et Jorinde, toutes dans la quarantaine. Toutes différentes, leurs parcours amoureux, de mère, de femme, se succèdent dans le récit et se relient, car elles se connaissent les unes les autres. Elles sont libraire, médecin, écrivain, professeur de violon, actrice, et racontent leurs rapports aux hommes, à la famille, leur ambition professionnelle et personnelle, leur difficulté à accomplir leur choix, la place des enfants dans le couple…

Un roman intimiste qui démarre lentement, l’écriture est simple et d’emblée se présente comme une évidence : précise, élégante, elle traduit toutes les émotions des personnages. Contemporain, sociétal, j’ai vraiment beaucoup ce roman !

 

 

 

 

Albin Michel, Août 2021, 327 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-226-44921-4

 

 

 

Crédit photo couverture : © Peinture d’Eric Zener, Faith © Eric Zener / et éd. Albin Michel

 

 

 

 

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Le bois – Jeroen Brouwers

15 Août 2021, 17:23pm

Publié par Laure

Traduit du néerlandais par Bertrand Abraham

 

Dans les années 1950 aux Pays-Bas, Eldert Haman, laïc, intervient comme professeur d’allemand dans un monastère franciscain. Très vite enjôlé, il y deviendra Frère Bonaventura, perdant en même temps tout ce qui faisait sa vie civile : biens, papiers, argent… Il devient surveillant du pensionnat des jeunes garçons, où il peine un peu à se plier aux règles strictes et inhumaines. Lorsque le jeune Mark Freelink disparaît, connaissant la violence du directeur Mansuetus, dont « le bois » n’est jamais loin, un climat de peur et d’angoisse règne.

A travers son personnage principal et les différents moines à l‘œuvre dans ce monastère, l’auteur va décrire avec talent l’hypocrisie de l’Église catholique, les violences sexuelles, abus, viols que les hommes y pratiquent sur la jeunesse, mais aussi le sadisme et le dénuement des conditions de vie qui sous couvert d’ascèse sont tout bonnement inhumaines.

Plusieurs scènes d’anthologie mettent mal à l’aise le lecteur, décrivant des actes sexuels barbares où tous n’ont qu’une seule obsession : leur sexe. Seuls ou sur leurs victimes, ils s’y adonnent ardemment dans le plus grand silence. Personne n’osera jamais dénoncer ces actes car l’embrigadement et les réprimandes sont forts et les autorités religieuses supérieures efficaces. Les conditions d’hygiène et d’absence de soins sont telles qu’elles délivrent aussi des passages éprouvants. Mais heureusement il y a aussi des scènes qui font sourire et qui redonnent un peu d’espoir quand Bonaventura se trouvera dans les bras d’une femme. Quel bouillonnement et quel fleurissement du langage tout à coup ! Aura-t-il le courage de fuir et de changer de vie ?

Un très bon roman, dense (au texte justifié sans paragraphe et très peu d’alinéas) qui demande au lecteur du temps et de la concentration, mais la lecture n’en demeure pas moins aisée, tant l’écriture se fait virtuose.

 

Extraits :

P. 85 : « […] avant d’entrer en religion, je m’appelais Eldert Haman. Ce nom a disparu. Tout comme mon vélo. Celui qui se dépouille de son nom n’a littéralement plus d’existence ; il est comme ces corps de qui les tombes, dans les cimetières sont devenues anonymes. Saint François nous parle du corps qui doit se soumettre, comme s’il était mort. Nous menons, à l’écart du monde extérieur, une vie de mortification, sans pensées qui nous soient propres et a fortiori sans vues ou idées personnelles, que nous devons rejeter comme autant de vanités. Nous n’avons pas de passé et sommes donc censés ne pas avoir de souvenirs. L’état de sainteté ne peut être atteint que par un renoncement au monde matériel, dont notre corps fait partie. Ce dernier ne nous appartient plus mais est le temple de l’esprit sain.

Je suis donc ici, moi, Eldert Haman, comme si je n’existais pas. »

 

p. 249 : « Elle : frapper de jeunes garçons à coups de bâton, leur tripoter la bite, faire plus et pire encore, est-ce cela la vertu ?

Seuls quelques-uns d’entre nous agissent ainsi, ai-je objecté. Ne t’inquiète donc pas pour ça.

Elle : si. Cette petite minorité abuse sans vergogne de son pouvoir sur ces gamins, et toi, tu la fermes, comme le reste de la bande, car la puissance que confère cette suprême robe s’impose à toute votre communauté confite en dévotion et faite de trouillards et de poules mouillées. Tu es complice, tu le sais bien. »

 

 

Gallimard, coll. Du monde entier, octobre 2020, 352 pages, prix : 22 €, ISBN : 978-2-07-272024-6

 

 

 

Crédit photo couverture : © Stephen Mulcahey / Trevillion Images (détail) / et éd. Gallimard

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Ce lien entre nous – David Joy

2 Mars 2021, 17:59pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Fabrice Pointeau

 

Un roman noir, âpre et violent, mais fort bien mené !

Darl Moody braconne le cerf hors période de chasse sur le terrain privé d’un voisin, quand c’est l’accident : ce n’est pas un cerf qu’il abat, mais un homme, lui-même en train de tenter de voler du ginseng cultivé dans ces bois.

Darl appelle son meilleur ami Calvin Hooper, pour qu’il l’aide à enterrer le corps. Mais Dwayne Brewer, frère du défunt et connu pour sa violence crasse, enquête à sa manière. C’est le début d’un engrenage sordide mais qui donne à voir, dans toute sa noirceur, une lueur d’amour, qui peut pousser, parfois, au pire.

Jusqu’où iront ces hommes, et ce flic, ces adultes qui ont grandi ensemble sur ces terres et sont devenus aujourd’hui des ennemis à abattre ou arrêter ? Que reste-t-il de leur enfance commune ?

Il y a du thriller dans ce roman d’une noirceur absolue, qui conduit à poursuivre la lecture en quasi apnée, pour en connaître l’issue.

 

Une traduction remarquable et un auteur que je découvre avec ce titre et que je ne suis pas près d’oublier.

 

 

Sonatine éditions, septembre 2020, 301 pages, prix : 21 €, ISBN : 978-2-35584-729-5

 

 

Crédit photo couverture : © DenisTangneyJr / E+ / Getty Images / et éd. Sonatine

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Ce genre de petites choses – Claire Keegan

5 Février 2021, 09:49am

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Irlande) par Jacqueline Odin

Bill Furlong est marchand de bois et charbon, marié et père de famille nombreuse, et à l’approche de ce Noël 1985 dans son petit village irlandais, il ne manque pas de travail. C’est alors qu’il découvre une jeune fille terrorisée enfermée dans un hangar du couvent voisin. Si le couvent parle d’un jeu entre pensionnaires, la rumeur de la ville dit que les sœurs du Bon Pasteur gagneraient beaucoup d’argent en exploitant des filles-mères comme blanchisseuses et en vendant leurs bébés à l’étranger.

Bill étant lui-même l’enfant d’une domestique de quinze ans qui eut toujours la chance de pouvoir grandir avec sa mère au sein du foyer de sa patronne, il est très sensible à ce sujet.

Entre quête des origines paternelles et dénonciation du scandale de la Magdalene laundry, Claire Keegan offre un roman ciselé, empli d’humanité, tout en délicatesse et finesse, et dont le titre prend tout son sens à l’issue de la lecture. L’écriture classique et le propos semblent placer ce récit dans un temps plus lointain, et pourtant, ce scandale irlandais courut jusqu’en 1996.

Un très beau récit.

 

 

Ed. Sabine Wespieser, novembre 2020, 118 pages, prix : 15 €, ISBN : 978-2-84805-372-1

 

 

Crédit photo couverture : © éditions Sabine Wespieser

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Derniers mètres jusqu’au cimetière – Antti Tuomainen

4 Janvier 2021, 15:32pm

Publié par Laure

Traduit du finnois par Alexandre André

 

Jaakko, 37 ans, est chef d’entreprise ; il cultive et vend à prix d’or un champignon rare issu des forêts de pins aux Japonais qui en sont friands. Il découvre lors d’une visite médicale que quelqu’un l’empoisonne à petit feu, et que ses jours sont à présent comptés. Persuadé que sa femme est la coupable, d’autant qu’il la surprend le jour même en fâcheuse posture déshabillée avec le chauffeur de la boite. Il va mettre son énergie restante à faire surgir la vérité. Mais c’est aussi le moment que choisit une entreprise concurrente qui a flairé le bon filon pour lui mettre des bâtons dans les roues, lesquels sont surtout patibulaires et bien armés.

Un roman policier finlandais plein d’humour noir et caustique, ça ne se refuse pas. Il y a bien quelques morts et une pauvre victime qui essaie d’enquêter elle-même, c’est un roman plutôt joyeux parsemé de scènes burlesques qui s’offre au lecteur.

Vraiment original dans le ton, j’ai passé un bon moment !

 

 

Fleuve éditions, février 2019, 312 pages, prix : 19,90 €, ISBN : 978-2-265-11794-5

Existe en poche chez 10-18 à 7,80 €

 

Crédit photo couverture : © Studio Allez/ Plainpicture et Getty Images / et Fleuve éd.

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Faites-moi plaisir – Mary Gaitskill

2 Septembre 2020, 09:03am

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Marguerite Capelle

 

Très court roman (une centaine de pages) à deux voix, celle de Quin, éditeur licencié pour conduite « inappropriée » envers ses collègues femmes, et celle de Margot, sa meilleure amie, qui comprend la sanction infligée mais la trouve injuste. Tous deux vont tenter de comprendre et dénouer ce qui relève d’une nouvelle époque. Sans que jamais ce ne soit dit, #MeToo est passé par là.

Aujourd’hui l’ambiguïté, le jeu, le flirt, ne passent plus. Si Margot est amie avec lui, c’est parce qu’un jour elle lui a dit NON, clairement, de manière forte et affirmative. Il a cessé. Quel jeu jouent ces autres femmes qui semblent consentir et qui après portent plainte ? Le jeu est-il allé trop loin sans que les protagonistes n’en soient conscients ? Était-il trop ambigu ?  Les questions soulevées sont intéressantes et n’ont pas de réponse simple. Mais l’on comprend le désarroi de cet homme. Tout comme l’on désapprouve son attitude. Mais quid alors du non-choix de la femme ? Parce que les hommes sont comme ça et en position dominante ? Margot l’a fait dès le début de leur amitié, ce choix du non. Le récit de Quin montre bien le changement d’époque également. De ce que deux adultes consentants pouvaient faire en boite de nuit il y a trente ans et qui est devenu une conduite à risque aujourd’hui. Non pas sexuel, mais juridique.

Si la fin du roman souligne enfin tout son enjeu, je me suis quand même ennuyée tout du long, peinant à comprendre la forme choisie. Pourtant elle fonctionne très bien, une fois encore, c’est la fin qui redore l’ensemble, mais il aurait fallu cent pages à cette même hauteur.

 

p. 88 : « - Qu’est-ce que tu comprends ? a-t-elle demandé. […] Que c’en est terminé des hommes comme moi. Qu’elles sont en colère à cause de ce qui se passe dans ce pays, ce gouvernement. Elles ne peuvent pas s’en prendre au roi, alors elles se satisfont du fou. Elles ne gagneront peut-être pas aujourd’hui, mais à la fin elles gagneront. Et qui suis-je pour m’interposer ? Je n’ai pas envie de m’interposer. »

 

 

Éditions de l’Olivier, mars 2020, 104 pages, prix : 13 €, ISBN : 978-2-8236-1633-0

 

 

Crédit photo couverture : © Noma Bar / Dutch Uncle / et éd. de l’Olivier.

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Glory – Elizabeth Wetmore

1 Septembre 2020, 15:33pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuelle Aronson. Titre original : Valentine

 

15 février 1976, Odessa, dans les champs pétrolifères du Texas, sous une chaleur aride, Gloria Ramirez, quatorze ans et des poussières, se réfugie chez Mary Rose Whitehead ; elle a peiné à se trainer jusqu’à la première maison en vue, sévèrement battue et violée au cours de la nuit de la Saint Valentin tout juste passée. Elle en sort si détruite qu’elle décide qu’elle ne se nommera plus jamais Gloria, mais Glory, amputant son prénom de son dernier son.

S’ouvre alors un roman choral donnant la parole aux femmes, d’âges et de milieux sociaux différents. Toutes vont dénoncer la condition féminine, le racisme, le patriarcat, le sort tout tracé des femmes, et c’est loin d’être simple pour elles d’oser le faire.

Le thème et les personnages rencontrés dégagent une force qui interpelle, mêlant dureté de la position féminine et du climat sec, chaud et aride. Malgré quelques longueurs vers le milieu du livre, on s’attache volontiers à ces femmes que l’on aimerait pouvoir défendre et encourager.

Un roman âpre et magnétique à la fois. A découvrir.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Escales, août 2020, 320 pages, prix : 21,90 €, ISBN : 978-2-36569-459-9

 

 

Crédit photo couverture : © Hokus Pokus créations

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Je m’appelle Lucy Barton – Elizabeth Strout

10 Août 2020, 13:24pm

Publié par Laure

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Pierre Brévignon.

C’est une histoire simple, mais habilement construite. Celle d’une enfance malheureuse, de la grande pauvreté, d’un lien familial distendu, d’une violence sourde mais qui marque à jamais Lucy, qui revient sur sa vie lors d’une hospitalisation de neuf semaines, dans les années 1980 à New-York. On ne saura pas vraiment la nature de son hospitalisation, peu importe, c’est l’occasion de renouer avec sa mère, qu’elle n’avait pas vue depuis de nombreuses années. Lorsque l’état de santé de Lucy devient fragile, la mère s’enfuit et ne donne plus signe de vie. Pourtant dans ces quelques jours d’échanges, timides, l’amour, maladroit, s’est exprimé.

Le récit court jusqu’au temps présent, où Lucy est devenue écrivain, à travers le chemin d’une vie de couple assez ordinaire : un mariage, deux fillettes, un divorce, un nouveau compagnon, la mort des parents…

C’est un très beau roman que nous offre Elizabeth Strout, tout en nuances et subtilité.

J’ai aimé tout particulièrement les incises sur ses rencontres avec l’écrivain Sarah Payne, la manière de construire un roman et la voir s’appliquer à l’écriture en court, du texte écrit par Lucy, ce roman que l’on a entre les mains. On y croise aussi la stigmatisation du début des années SIDA, ces portes de chambres d’hôpital marquées d’un autocollant jaune : attention ici un malade AIDS (en 2020 en France, on y a vu des post-it jaunes marqués Covid+ ou C+, même façon de marquer le risque ou la peur)

Un univers sensible et grave mais néanmoins apaisé, comme je les aime.

 

 

Le livre de poche n° 34485, septembre 2019, 177 pages, prix : 7,40 €, ISBN : 978-2-253-07422-9

 

 

Crédit photo couverture : © éd. Le livre de poche / Shutterstock

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