Les jardins d'Hélène

La véritable histoire de mon père - Nicolas Cauchy

16 Décembre 2006, 11:35am

Publié par Laure

 Un homme de cinquante ans, Simon, fuit sa maison et la soirée qui s’y donne au volant d’une Porsche volée à ses amis. Sur le siège arrière, le corps de sa petite fille de 4 ans. Maintenant qu’il a commis l’irréparable, il hésite à se foutre en l’air contre un platane, mais… 

Il se remémore les moments partagés avec sa fille, moments si rares, cet amour paternel aussi violent que soudain, lui l’accro du boulot qui a toujours pensé qu’assurer un bien-être matériel à sa famille suffisait. Malgré ce personnage qui ne dégage aucune empathie, ça y est, le lecteur est happé, il ne peut s’empêcher de vouloir aller de l’avant pour comprendre comment ce père en est arrivé là. 

Dès le départ, une obsession malsaine se dégage du récit : il a une fille plus grande, Hélène, d’un premier mariage ; une fille qu’il n’aime pas. Elle lui raconte froidement le viol dont elle a été victime et lui reste parfaitement indifférent, se demandant seulement si elle fabule ou pas. On ne peut pas aimer ce personnage et pourtant on ne peut pas s’empêcher d’avancer : ce livre est aussi dérangeant que fascinant !  

La vrai problème de cet homme ne serait-il pas dans son incapacité à vivre ses émotions ou écouter ses sentiments ? p. 72 : « au plus profond de vous, vous êtes incapable de gérer des émotions. Vous savez bien que c’est un piège. Pas de Nathalie, bien sûr que non, votre femme ne vous tendrait jamais de piège. Mais de la part d’Hélène que vous n’aimez pas. C’est une cause entendue, vous ne l’aimez pas. Oh, bien sûr, avec vous, tout reste dans le non-dit. Jamais vous n’exprimeriez un sentiment pareil, jamais vous n’exprimez de sentiment tout court. Plutôt que d’avoir à lui parler, plutôt que d’avoir à la regarder, vous lui tournez le dos. Votre dos, la seule chose qu’elle connaît de vous ». Ce passage qui définit si justement le personnage est terrible. C’est un roman d’une implacable froideur, aux descriptions méticuleuses, « un roman noir, précis, implacable », comme le dit avec exactitude la quatrième de couverture. 

Puis la fin, inattendue, qui fait reconsidérer complètement le point de vue, et douter alors de ces sentiments ambivalents que le lecteur a pu éprouver. Et si ce point de vue du coup faussait tout ? Où est la vérité ? Où est la folie ? 

Nicolas Cauchy a un talent certain dans cette écriture-là, une façon agaçante de manipuler son lecteur pour l’amener à lire son histoire pourtant si sombre au personnage qu’on voudrait haïr, et c’est bien cette écriture qui rachète les quelques maladresses qu’on trouve par ailleurs dans le récit : l’engouement de la fillette de 4 ans pour le Louvre, on y croit moyen, l’épisode de la maîtresse, bof, n’apporte pas grand-chose …  

Aparté : je remercie l’auteur qui m’a gentiment prêté son livre, me demandant simplement de le lui rendre en y laissant une marque personnelle : un mot, une phrase, un dessin. Me voilà bien embarrassée, c’est sacrilège d’écrire dans les livres, Monsieur Cauchy. Du moins pour moi. Mais après tout c’est le vôtre, hein. Je réfléchis à la trace que je vais y laisser… mais vous m’embarrassez, la lectrice que je suis ne peut écrire qu’une fade banalité sur les mots que vous avez construits, c’est vous l’écrivain, pas moi….  

 

Pour ceux qui veulent en savoir plus : 

Sur cette expérience de marketing direct : le blog de l’auteur

Le site de l'auteur

Une interview de l’auteur sur son livre :

Robert Laffont, janv.2006, 170 p. ISBN 2-221-10606-7, prix : 16 € 

Ma note : 3,5/5 

Commenter cet article
N
oui, oui, promis. Mais je réserve une petite surprise pour la suite...
Répondre
N
Pour l'instant, l'exemplaire dit "des poulets" est reparti dans l'Eure - où les poulets ne manquent pas, mais c'est quand même, à mon sens, davantage le royaume de la vache & du veau.<br /> Je devrais récupérer dans quelques jours, j'espère, l'exemplaire dit "au caractère chinois".<br /> A moins que ce ne soit l'exemplaire "Tahitien"...
Répondre
L
les poulets, les vaches, au fond peu importe, mais continuez à nous mettre des photos des exemplaires qui reviennent, j'adore ça !!
F
Ca y est, j'ai fait le tour des liens ;-) Très jolie écriture Laure, au passage ! Pour le livre, je n'arrive pas à me faire d'opinion. Ca a l'air bizarre donc tentant ... Une des biblios de Toulouse l'a. Je vais voir s'il est possible de le faire venir à mon point de chute (à Grenoble ils le font alors j'imagine que les transferts sont aussi possible ici) mais c'est comme pour les résas, n'étant pas sur place, ça me tracasse de ne pas avoir le temps d'aller récupérer les livres ainsi mis de côté (et les vacances qui approchent *youpi !* m'éloigneront encore plus...) mais bon c'est noté ! Et j'ai bien aimé le débat sur le blog de l'auteur au sujet des blogs qui ne font pas vendre. Il y a des choses à dire sur le sujet mais ce soir je suis trop "out" pour mettre par écrit des idées organisées ;-)
Répondre
L
Flo, je crois qu'il est plus simple que tu laisses un message à l'auteur (sur son blog par exemple), et je suis sûre qu'il sera ravi de te faire parvenir un des exemplaires qui circulent (peut-être celui avec mes poulets;-) et comme ça, pas de souci de résa à tlse...
N
Oups!Mais vous savez bien qu'à la Capitale, on sait même pas faire la différence entre une poule et une oie...
Répondre
N
J'ai bien reçu le livre, merci pour la critique, la dédicace et la... poule? (une dinde?), déjà un exemplaire culte!
Répondre
L
Le poulet Nicolas, le poulet, pas la dinde ! Regardez le nom du village, il est célèbre pour ses volailles fermières élevées en plein air, et résistantes à la grippe. Je ne suis pas originaire du coin, mais je joue le jeu, ici ils en sont fiers, de leurs bestioles ;-)) <br /> De même l'église est celle qui passe le plus à la télé, en fond de pub du cot-cot.<br /> (bon ça y est maintenant tout le monde sait où je vis !)
A
Fini! Etonnant....
Répondre
M
Je t'excuse! C'est ton boulot, les livres en bon état...Mais ceux qu'on aime, qui circulent entre amis, NOS livres, hein?
Répondre
N
Oui Marie Pierre ! <br /> J’ai pour ma part une préférence pour le bol de café entièrement renversé sur le dit livre (et mis patiemment à sécher) qui parle du moment de lecture, mais aussi de la tablette de chocolat qui a fondu au fond de la sacoche et qui parfume les pages…
Répondre
L
Bon z'avez fini de vous liguer contre moi pour me faire passer pour une psycho rigide ? Nan mais.. bon puisque c'est comme ça, je pars affronter le brouillard et les 30 km qui me séparent de la ville, je maudis d'avance les travaux du tramway, mais bonheur suprême, je vais fouiner chez mon libraire...
M
Juste pour dire ça: non, ce n'est pas un sacrilège d'écrire sur un livre, un livre ça doit être malmené, gribouillé, corné, ça doit être posé n'importe où, ça doit vivre...Le livre de Nicolas je l'ai lu il y a quelques mois, et je trouve son idée superbe, ce retour du lecteur....
Répondre
L
Bien sûr Marie-Pierre, chacun fait comme il veut, hein, moi j'ai horreur de ça, tout comme je déteste les vieux bouquins jaunis qui sentent le grenier. Pour ma décharge -si tant est que ce soit un argument- je suis plus exigeante avec l'aspect physique depuis que je suis bibliothécaire : on essaie tellement de proposer des trucs propres et en bon état qui font envie aux lecteurs que je ne touche quasiment plus de vieux livres... Les bric -à-brac et autres brocantes, très peu pour moi. Mais je comprends que d'autres aiment cette vie dans le livre ! <br /> Par ailleurs la plupart de les lectures proviennent de la bibliothèque : alors non je n'écris pas dedans... <br /> Mais j'écrirai dans celui de M. Cauchy ...
A
Rectification: ce matin j'avais un message  de N.Cauchy. J'ai bien sûr accepté et je suis ravie!...Le plus dûr sera d'écrire un post après le tien!
Répondre
L
je pense qu'il est passé par là et a lu ton message ;-)