Les jardins d'Hélène

Cinquante nuances de Grey - E.L. James

11 Novembre 2012, 15:39pm

Publié par Laure

 

(tome 1 de la trilogie Fifty shades)

Traduit de l'anglais par Denyse Beaulieu

 

cinquante-nuances-de-Grey.jpgNous y voilà... que puis-je bien penser du dernier best-seller à la mode ? (si tant est que quelqu'un en ait quelque chose à faire de ce que j'en pense )

A moins de vivre sur la planète Mars, vous avez déjà dû lire des cinquantaines d'articles sur le sujet, je ne vais donc pas vous faire l'affront de vous le re-résumer, de la genèse fanfiction de Twilight à la mise en place marketing que l'on sait. Je l'ai lu. Jusqu'au bout. Et très franchement, je m'attendais à pire.

C'est une gentille romance avec tous les codes du genre, qui séduira les lectrices habituelles des collections Harlequin et autres romans sentimentaux.

 

On dit que c'est très mal écrit : alors on devrait avoir l'honnêteté de dire aussi que 80% de la production littéraire actuelle est très mal écrite. C'est écrit dans une langue correcte (si vous voulez du très mal écrit, allez voir ), certes avec des phrases très simples, très courtes, au vocabulaire restreint, et les phrases avec subordonnées relatives ou autres tournures complexes sont sans doute à chercher à la loupe. Comme du Marc Levy ou n'importe quel roman grand public aujourd'hui, il ne faut pas fatiguer le lecteur à réfléchir (j'en sais quelque chose, je passe mon temps à répondre à la demande : vous n'auriez pas un roman facile à lire qui ne prend pas la tête? - et dont on a entendu parler sinon je ne suis pas crédible dans mon conseil). Les éditeurs d'aujourd'hui produisent donc ce que (la plupart des) gens attendent. Certes l'auteur a des tics de langage fort agaçants parce que trop récurrents : merde alors, à plus bébé, ou devenus désuets dans notre culture comme doux jésus ! et dont on pourrait se passer mais rien de pire que la plupart de ce qui se vend.

 

L'intrigue et ses ressorts sont prévisibles. Comme dans les romans de Marc Levy. Ce n'est donc pas pire, et ce serait peut-être même meilleur, si on s'en tient au registre donné.

Ce n'est donc pas du Jérôme Ferrari, on est bien d'accord, mais ce n'est pas plus mauvais que tout ce qui se vend en masse actuellement. Je pourrai donc me permettre de ricaner doucettement quand je lirai dans les mêmes colonnes qui le flinguent sur ce point-là des billets élogieux sur du roman de masse qui s'éloigne un peu trop de Proust stylistiquement parlant. Et comme ils sont légion, ce sera enfantin.

 

On dit que c'est du porno, ou au contraire, que c'est tout ce qu'il y a de plus soft. Je suis du deuxième clan : si l'on écarte les quelques accessoires et orientations SM (et encore même là ça reste très soft), les scènes de sexe sont tout ce qu'il y a de plus banal, dans une histoire d'amour normale. Le côté domination-soumission est là pour faire monter la sauce (euh, mauvais choix d'expression) et tenir en haleine sur la personnalité torturée du mâle - pourquoi il en est venu là, et pour le savoir, il faudra lire le tome 2, voire même le 3, c'est malin hein. Ceux qui s'offusquent des galipettes décrites n'ont jamais dû ouvrir un roman de littérature érotique de leur vie (y a pas de honte à cela non plus, mais avant de crier au loup...) Pas de quoi fouetter un chat. Un écart de culture entre le mummy porn et la littérature érotique française ?

 

Bref, beaucoup de bruit pour rien. Ou pas grand-chose.

 

Ce qui me semble réellement critiquable avec ce roman, c'est la mise en place, et le buzz marketing qui en a été fait (et la preuve que ça marche, tout le monde a un avis dessus) Je n'en reviens d'ailleurs toujours pas que l'auteur soit passée chez Busnel. Mince, à la grande librairie quoi ! Mais il faut bien que Busnel fasse de l'audimat s'il veut que son émission continue à exister, alors la noblesse de la littérature, hein, elle tient à quoi ? Quelques best-sellers bien vendus qui font survivre d'autres choix plus engagés et audacieux. Laissez les midinettes rêver au Prince Charmant, elles ne font de mal à personne, et replongez-vous dans Joyce, vous je ne sais pas, mais moi Ulysse, je n'en suis toujours pas venue à bout. Au fond, on en revient toujours au même, la légitimité du populaire, le jugement de valeur élitiste, etc. etc.

En ce qui me concerne, les Pléiade de Joyce (James) et Cohen (Albert) côtoient ma table de nuit comme EL James, les premiers sont justes plus durables, dans tous les sens du terme... et autrement marquants.

 

 

JC Lattès, octobre 2012, 560 pages, prix : 17 €

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Crédit photo couverture : © éd. JC Lattès

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F
<br /> Pour que cela devienne autant grand public, il fallait bien que les scènes de sexe soient aseptisées... pas très envie de le lire.<br />
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S
<br /> Busnel me fait doucement rire.... Il invite ce genre d'auteur et critique la littérature de jeunesse qui est de bien meilleure qualité, cherchez l'erreur<br />
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B
<br /> voilà un avis qui se rapproche beaucoup du mien alors que je viens de finir ce roman. pas de quoi en faire des tonnes ;-)<br />
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S
<br /> Je ne vais pas l'acheter ça c'est sûr en revanche si je le vois à la bilbi il terminera dans mon sac pour me faire ma propre idée. Si cela se lit facilement c'est déjà ça ;-)<br />
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L
<br /> <br /> Il commence à apparaître sur les catalogues de bib, alors à suivre <br /> <br /> <br /> <br />
Y
<br /> Tout à fait d'accord avec toi (et comme le teasing est bien fait j'ai même lu le 2... bon... rien de surprenant là non plus mais rien d'aussi abominable qu'on le lit parfois)<br />
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