Délit de fuite - Christophe Léon
Sébastien, 14 ans, a des parents divorcés. Un week-end sur deux, il part avec son père dans leur maison de campagne. Parce que celui-ci a un rendez-vous avec le plombier et qu’il craint d’être en retard, il fait fi de la prudence, et percute à vive allure une femme qui venait de sortir de sa voiture, sur le bord de la route.
A la grande surprise de son fils, il fuit, et lui demande de tout oublier et de ne plus en parler. Ce que bien sûr ne peut supporter Sébastien. La femme est-elle morte, ou juste blessée ? Il réussit à la retrouver, elle est hospitalisée, et il sympathise avec son fils Loïc, 17 ans, seul à affronter la situation.
La construction est intéressante et habile : par alternance des chapitres, on a le récit de Sébastien, à la première personne, et celui de Loïc, plus surprenant, à la deuxième personne. Ce « tu » crées une mise à distance étonnante mais plaisante. Même si les ressorts de la construction sont un peu trop visibles, ça fonctionne, et l’on ne peut s’empêcher d’aller au bout quasi d’une traite, pour savoir jusqu’où va pouvoir se nouer cette amitié, et si Sébastien va avouer ou non ce qui le bouleverse.
Un roman intéressant sur l’image qu’on peut avoir d’un père, et qui se trouve chamboulée du jour au lendemain, et si le roman aborde la question de la sécurité routière, il n’est absolument pas moralisateur, il évoque des faits, et les réactions des personnages qui doivent « faire avec ». Car même avec une idée arrêtée sur la question, on ne peut s’empêcher de se dire « et moi, qui sait ce que j’aurais fait dans un moment de panique ? »
Le roman aborde aussi la question d’une amitié improbable qui néanmoins triomphe, quand l’autre est peut-être avant tout une bouée de secours.
Un bémol sur la fin, bien trop ouverte à mon goût (les habitués de ce blog savent que je déteste les fins ouvertes, genre on a tout bien fait jusque là, maintenant débrouillez-vous, imaginez ce que vous voulez. Non, j’ai l’impression qu’on me laisse en plan et que l’auteur n’a pas eu le courage de faire un choix), même si ici, on peut imaginer sans trop se tromper une partie des conséquences, mais absolument ce qu’on veut au sujet de la mère.
Pour conclure, un roman inhabituel et vraiment prenant, qui mérite largement qu’on s’y arrête !
Des avis (enthousiastes aussi) ici : les riches heures de Fantasia (Sophie), Oceanicus in folio (Bladelor), ...
La joie de lire, coll. Encrage, janvier 2011, 175 pages, prix : 14 €
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Crédit photo couverture : © Hervé Tullet et éd. La Joie de Lire