Juste avant le bonheur - Agnès Ledig
Julie, 20 ans, est caissière dans un supermarché, malmenée par la clientèle à peine aimable et un chef tyrannique, mais ce job est vital pour elle qui a la charge, seule, d'un petit garçon de trois ans, Lulu. Alors qu'elle laisse poindre une larme de désespoir et de fatigue, un homme qui aurait l'âge d'être son père, fraichement divorcé, fait ses courses de célibataire désemparé et lui adresse quelques mots gentils. Empathie, compassion, douceur, il ne demande qu'à la connaître mieux et à l'aider, lui qui le peut financièrement. Mais pour Julie le plan paraît louche et le Prince charmant des contes de fée, ça n'existe pas. Pourtant, il va proposer d'emmener Julie et son petit garçon dans sa maison de Bretagne, juste pour faire un break, sans aucune attente en retour. Son fils médecin, qui ne se remet pas du suicide de sa femme, est du voyage.
Tous ces bras cassés vont se ressouder et sourire à nouveau à la vie, le lecteur sourit lui aussi à ce roman doudou, qui met du baume au cœur, façon « ensemble c'est tout » de Gavalda.
La deuxième partie change l'orientation du roman (ne lisez surtout pas la quatrième de couverture, car même si elle a été modifiée, elle en dit encore trop, et on trouve encore sa première version sur certains sites de vente, qui dévoile un élément pivot du roman qui survient pourtant tardivement : tout l'intérêt de la lecture est gâché : vous savez tout avant même de commencer!), cette deuxième partie, donc, quoique très réaliste (trop sans doute) relève plus de la collecte d'échanges de séances de psychothérapie que du roman. C'est dommage, sans cela je donnais volontiers 5 étoiles à ce roman. L'auteur semble y avoir intégré un drame personnel, et avec tout le respect que l'on peut y porter, cela affecte un peu le roman. Trop réel, pas assez de distance. La fin peut-être un peu facile aussi, mais l'on ne sait plus très bien, alors qu'on a sorti les mouchoirs pour pleurer, si ce roman fait du bien ou pas. J'ai perdu en route le côté « bonbon » du début, pour avoir l'impression de lire ensuite le récit personnel de l'auteur.
Malgré tout, c'est un roman qu'on n'a pas envie de quitter. Si le bonheur passe par l'entraide et la bienveillance, il passe aussi, ici, par la résilience. Pas si léger, donc.
Agnès Ledig vient d'obtenir le Prix Maison de la Presse 2013.
La sélection des titres en lice était la suivante :
Je vais mieux de David Foenkinos (Gallimard)
Éclats de voix d’Yves Hugues (Les Escales)
Juste avant le bonheur d'Agnès Ledig (Albin Michel)
L'enfant de Calabre de Catherine Locandro (Héloïse d'Ormesson)
Le silence de Jean-Guy Soumy (Robert Laffont)
L'atelier des miracles de Valérie Tong-Cuong (JC Lattès)
(Roman lu dans le cadre du Club Testeurs d'Amazon)
Albin Michel, mai 2013, 342 pages, prix : 19,50 €
Etoiles :
crédit photo couverture : © éd. Albin Michel.