Les jardins d'Hélène

La bibliothèque du Docteur Lise - Mona Thomas

15 Juillet 2012, 11:58am

Publié par Laure

 

bibliotheque-du-docteur-lise.jpgLise Ménard est cancérologue à Paris, de nos jours. Un anthropologue la rencontre pour des entretiens à bâtons rompus autour de son métier et des lectures.

Si je connaissais les collections « bleue » et « framboise » de chez Stock, je ne connaissais pas encore la verte, plus exactement appelée « la forêt » et dirigée par Brigitte Giraud, auteur que j'aime beaucoup par ailleurs. J'avoue ne pas bien percevoir la ligne éditoriale de cette nouvelle collection, qui publie des textes de littérature sans a priori sur la forme, romans, récits, nouvelles…, dont la démarche d’écriture, la voix et le travail sur la langue font preuve d’un engagement fort et singulier. C'est le cas d'un peu toutes les collections, non ?

Il est précisé « roman » sur la page de titre, c'est nécessaire sans doute, car c'est vrai qu'au fil du texte on ne sait pas très bien si l'on est dans un témoignage réel ou une fiction. Peu importe à vrai dire.

C'est bien sûr le genre de livre qui fait la part belle à la littérature, et qui au détour de la conversation, cite un nombre important de titres qu'on ne peut s'empêcher de noter pour la plupart. Néanmoins je ne perçois pas de fil conducteur logique dans cette histoire, juste un prétexte à parler littérature de façon un peu brouillonne. On ne parle pas vraiment médecine, ni entièrement littérature. Les deux sont mêlés de manière informelle, sans objectif particulier, ou alors je ne l'ai pas perçu. J'ai davantage le sentiment d'une recension d'ouvrages parlant de la maladie, des patients, de la relation du malade au médecin et qu'on aurait casés là sous prétexte d'un roman sur cette cancérologue dont on dépouillerait les bibliothèques.

Agréable à lire, mais un peu fourre-tout ?

 

p. 130 « Sachez qu'il fut un temps où, à part le châtelain abusif (référence à Perturbation de Thomas Bernhard dont elle parle plus haut), les gens appelaient quand ils avaient quelque chose. Maintenant ils appellent pour une urgence bien avant la moindre petite douleur. Ce n'est pas rien d'être soumis de façon durable à la plainte d'autrui, je vous assure. On entend quelque fois, Le docteur est dur, il n'écoute pas. En réalité le docteur est usé. »

 

p. 152-153 : « Médecin, on est convaincu d'agir pour le bien-être des gens, on ne dépassera pas un certain degré d'action, une manœuvre inscrite dans un schéma non pervers, qui réponde vraiment à quelque chose d'essentiel. Sinon, perte d'énergie, de confiance, du plus précieux. Simplement, reconnaissez que pour dire ça, il faut une expérience et une délicatesse que je n'ai pas acquises toute seule ou à la fac, mais dans la fréquentation assidue de ma bibliothèque. Parce qu'un roman ce n'est pas seulement une histoire. Un grand roman, c'est parfois à peine une histoire. En ça je vous assure, la littérature m'assiste et ne cesse de me soutenir dans l'exercice de la médecine. Vous comprenez pourquoi Henry James a sa place parmi mes livres ? A cause de sa subtilité qui m'aide à entendre les gens. À côté de Tanizaki. »

 

Mais ses références ne sont pas que classiques ni écrites :

p. 73 : « Des patients nous citent House comme le super doctor qu'ils auraient consulté la veille. Bien plus de gens qu'on ne l'imagine oublient qu'ils ont vu un acteur, qu'il s'agit d'un scénario et que les grands malades du film sont des comédiens en pleine forme, à commencer par celui qui joue House d'ailleurs, ne souffrant pas plus de la jambe qu'il n'est accroché au Dicodin. Au lieu de discuter, je mets House de mon côté. Un malade me dit, la voix anxieuse, Vous êtes sûre ? Oui. Certaine ? Maintenant qu'il y a Docteur House, je dis, on n'a pas le droit de se tromper de diagnostic. Grâce à l'incroyable créativité des séries américaines, on dispose de toutes les solutions, vous pouvez être tranquille. Ou pour détendre l'atmosphère d'une consultation qui risque d'être tendue, Ne vous inquiétez pas, je dis, on va s'en sortir, il suffit de trouver le bon épisode du Docteur House. »

 

Stock, coll. La Forêt, mars 2011, 196 pages, prix : 17,25 €

Etoiles : stars-3-0__V7092079_.gif

Crédit photo couverture : © éd. Stock


Commenter cet article
A
<br /> J'ai beaucoup aimé "en chantier" dans la même collection, un roman de Yves Hughes...<br /> <br /> <br /> http://antigonehc.canalblog.com/archives/2011/01/31/20270634.html<br />
Répondre
A
<br /> Le seul lien qui me vienne à l'esprit est un lien entre ce livre et le dernier roman de Brigitte Giraud "Pas d'inquiétude" qui évoque le cancer d'un petit garçon... mais c'est sans doute un<br /> lien partiel. Je crois que cette collection verte est pour elle très orientée "exigence littéraire et d'écriture", "rencontres" avec des personnalités, enfin c'est ainsi qu'elle nous l'avait<br /> présentée en rencontre... ;)<br />
Répondre
L
<br /> <br /> Je n'ai pas lu son dernier roman ... Mais il peut y avoir un lien en effet.<br /> <br /> <br /> Ce roman aurait peut-être un autre visage s'il était un entretien réel, là il se pose dans la fiction, et n'a pas vraiment de poids, de même je n'ai rien trouvé de<br /> particulièrement exigeant dans l'écriture. Pas une franche conviction pour moi donc, mais ça reste très agréable à lire. A essayer peut-être sur d'autres titres de la collection, pour en<br /> percevoir peut-être mieux l'idée.<br /> <br /> <br /> <br />