Le viandier de Polpette, tome 1 : L’Ail des ours – Olivier Milhaud – Julien Neel
Scénario : Olivier Milhaud
Dessins : Julien Neel
Un autocollant vous alerte sur la couverture : "par l’auteur de Lou !" C’est donc bien le dernier ouvrage de Julien Neel, même s’il n’a pas grand-chose à voir avec Lou ! J’ai eu un peu de mal à entrer dans cette lecture, une fois n’est pas coutume, à cause du dessin. Je n’aime pas beaucoup les traits des personnages, ce cuisinier Polpette au visage trop large, carré, aux traits à peine esquissés et peu expressifs. De même pour les autres personnages, le comte Fausto a des traits trop féminins, et les bouches sont rarement dessinées, à peine marquées, seuls les hauts des visages prennent toute la place. Je n’avais jamais prêté attention à cela chez Neel auparavant, là ça m’a frappée d’emblée et je suis restée réticente au dessin.
Quant au scénario, il semble prendre deux pistes différentes, l’une pour moi plus intéressante que l’autre. Polpette est le cuisinier de l’auberge au « coq vert », et ses recettes sont données tout au long de l’ouvrage. Du solide, roboratif qui tient au corps. C’est bien, je n’ai rien contre, mais on finit par se demander si on est dans un concours de cuisine façon M6 un soir de semaine. Et puis Polpette n’a pas la place d’honneur annoncée, celle prise par le jeune Comte Fausto de Scaramanda me semble plus importante, avec bonheur d’ailleurs car l’intrigue semble plus riche que le Larousse de comment cuisiner les herbes de la forêt.
Fausto est un épicurien, élevé par son précepteur Biryani, qui l’entoure encore à l’âge adulte et s’efface devant ses caprices et sa paresse. Mais voilà que le père de Fausto s’annonce, en compagnie de trois cousins, alors que cela fait quinze ans qu’ils ne se sont pas vus. Que peut bien annoncer cette visite ? Cousins intrigants en quête d’héritage prématuré, forêt formant comme un huis-clos mystérieux, entre deux époques aussi, sans date mais où se mêlent carrosses et chevaux et premières automobiles, modernité aussi de la sensuelle Alméria qui n’a pas froid aux yeux, les personnages secondaires sont intéressants, mais c’est bien la relation père-fils qui me semble au cœur de l’ouvrage. Je ne sais quelle place prendra le cuisinier Polpette dans le tome suivant, mais j’avoue que ce premier volume qui ne le met en avant qu’en apparence, par le biais d’un titre daté, et des premières planches ne me séduit que modérément.
Gallimard, mai 2011, 136 pages, prix : 18 €
Etoiles :
Crédit photo couverture : © Julien Neel et Gallimard jeunesse.
(Et c’est bien en voyant le © Gallimard jeunesse et loi de 49 que j’ai réalisé que c’était bien une publication jeunesse. Je n’en suis pas convaincue à la première lecture.)