Liberté, égalité, chocolat – Alex Shearer
Traduit de l’anglais par Stanislas et Sophie Barets
Un nouveau parti a pris le pouvoir, et ça ne rigole pas : Le Parti Qui Vous Veut du Bien (le Parti de la vie saine, des bonnes dents et de l’éradication de l’obésité et autres maladies liées à une mauvaise alimentation) a décidé de réglementer la santé et le mode de vie des citoyens en interdisant la consommation et la possession de chocolat et autres sucreries. Le chocolat et ses dérivés sont devenus des produits illégaux. La Patrouille armée de robots renifleurs et destructeurs veille au grain, aidée par une équipe de jeunes enrôlés : les Jeunes Pionniers, qui ont pour mission de dénoncer et faire envoyer en camps de rééducation les contrevenants.
On l’aura compris, l’image est facile et le vocabulaire choisi : on y parle très vite de Milice, de bruit de bottes, de marché noir, de résistance, de camps, de bootleggers et de révolution. Ou comment réagit-on à la prise de pouvoir d’une dictature. Toute comparaison avec la seconde guerre mondiale n’est pas fortuite, ainsi qu’avec la Prohibition des années 1917-1935 aux Etats-Unis, où l’alcool était interdit, avec pour conséquence un important trafic mené par des « bootleggers » (littéralement des « hommes qui cachaient des bouteilles dans leurs bottes »)
Ici, ce sont des enfants, Arthur et Sébastien, fidèles copains, qui vont s’insurger et monter une chocolaterie clandestine, dans le magasin d’une vieille commerçante sympathique, et développer un important marché noir, mener la lutte pour aboutir à la Révolution et au renversement du pouvoir.
On a là un roman d’aventures assez prenant, facile à lire, pas toujours réaliste (les adultes ne s’occupent pas beaucoup des enfants qui font un peu ce qu’ils veulent), plutôt idéaliste, avec des gentils et des méchants (les « collabos ») et qui par le biais d’une histoire imaginaire et fantaisiste éveille à la Grande Histoire. Si c’est bien mené, ça reste néanmoins un peu superficiel et convenu, comme si l’idée n’était finalement que de caser les idées imparties.
Peut-être l’ensemble est-il au final trop caricatural pour réellement fonctionner, ou alors s’adresse-t-il plutôt à des enfants encore assez jeunes (10-12 ans) qui verraient moins la façon « plaquée telle quelle » de parler d’Histoire ?
Je ne sais pas, l’idée était bonne, mais le roman peut-être un peu trop didactique et donc artificiel.
p. 147 : « Eux, ils ne travaillaient pas pour l’argent. Ils défendaient une juste cause : le droit de croquer un carré de chocolat de temps en temps.
Ils étaient devenus des bootleggers comme Robin des Bois s’était fait hors-la-loi – parce qu’ils étaient du côté des faibles et des opprimés, qu’ils s’opposaient à la tyrannie et à l’arbitraire. »
Bayard jeunesse, coll. MilléZime, juin 2008, 362 pages, prix : 12,90 €
(parution en VO : 2003)
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Crédit photo couverture : éd. Bayard