La vie en mieux - Anna Gavalda
La vie en mieux est un recueil de deux novellas (deux courts romans ou deux longues nouvelles, au choix!) qui n'ont rien à voir l'une avec l'autre sinon d'apporter leur regard sur la vie.
La première s'intitule Mathilde. Mathilde Salmon, 24 ans, est étudiante en histoire de l'art (pour les réducs au cinéma) mais elle travaille pour son beau-frère à rédiger toute la journée des commentaires bidons pour pourrir des sites internet de vente, lesquels sites ensuite, pour se refaire une virginité, font appel à l'agence de création web du beau-frère. Elle vit en coloc avec deux nanas limite parfaites. Mais c'est quand Mathilde perd son sac dans un café que tout se complique : comment expliquer à ses coloc qu'elle a perdu l'enveloppe contenant les dix mille euros en billets de 100 confiée pour payer les travaux de l'appart ? Un désespoir qui va la conduire sur le chemin de Jean-Baptiste et de l'amour un brin contrarié. Suis-moi je te fuis, fuis-moi je te suis.
Il y a de bons passages, de bonnes réflexions sur les faux-semblants du web (l'écriture de faux- commentaires sur les sites de ventes est un sujet qui revient régulièrement dans l'actualité) et sur l’ultra moderne solitude qu'engendre paradoxalement le flot de réseaux sociaux. Mais il y a beaucoup d'agacement aussi, c'est écrit à la va-comme-j'te-cause, langage populaire, rapide, facile, (OK jusque -là) mais inutilement vulgaire et abusant de l'argot. Sur ce point, on retrouve le style qui m'avait déplu dans Billie. Dommage. Beaucoup de références à la chanson française ou à la littérature, la dame a de la culture, on le savait déjà, parfois étalée inutilement (à force, les piques ne sont plus drôles). Quant à la fin, happy end facile, dirons-nous. Changer de vie, prendre le tournant, pourquoi pas.
Sentiments mitigés, c'est « mieux » que Billie, mais je n'aime pas ce nouveau registre de l'écriture de l'auteur.
Deuxième novella, intitulée Yann. J'ai espéré un temps qu'elle soit la réponse en miroir à la première, point de vue de Jean-Baptiste, le procédé aurait été convenu mais intéressant. Non, nouveau prénom, autre histoire. Un garçon de 27 ans, en couple, qui va prendre sa vie en main au détour d'un repas chez ses voisins. Je me suis ennuyée tout du long, j'ai baillé, j'ai eu envie d'abandonner. C'est bavard pour cracher, dans quoi au juste, la soupe, la vie moderne, les apparences, j'en sais rien. J'ai insisté, j'ai aimé la fin, qui se veut pleine de bons sentiments et d'une nouvelle douceur (on est revenu à la Gavalda d'antan), mais qui peine à racheter tout le côté donneur de leçons de ce qui précède, du moins l'ai-je ressenti comme cela.
Au final, je suis fort déçue de ce nouvel opus, l'Anna Gavalda de Je l'aimais et d'Ensemble c'est tout semble avoir envoyé tout balader pour cracher désormais sur tout ce qui fait la société d'aujourd'hui, avec raison parfois, mais avec erreur sur la forme. Un roman qui se veut populaire, rythmé, saccadé, doit-il nécessairement jouer la surenchère de la vulgarité ?.Une co*ui*lle par-ci ça passe, mais tout du long (avec d'autres attributs du même acabit et tout ce qui fait ch***), ça lasse.
Le Dilettante, mars 2014, 285 pages, prix : 17 €
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Crédit photo couverture : © Photo de George Reszeter / Biosphoto et éd. Le Dilettante