N'oublier jamais - Michel Bussi
Présentation de l'éditeur :
« Vous croisez au bord d'une falaise une jolie fille ?
Ne lui tendez pas la main !
On pourrait croire que vous l'avez poussée. »
Il court vite, Jamal, très vite. A cause de sa prothèse à la jambe et autres coups du sort, il a un destin à rattraper. A Yport, parti s'entraîner sur la plus haute falaise d'Europe, il a d'abord remarqué l'écharpe, rouge, accrochée à une clôture, puis la femme brune, incroyablement belle, la robe déchirée, le dos face au vide, les yeux rivés aux siens. Ils sont seuls au monde ; Jamal lui tend l'écharpe comme on lance une bouée.
Quelques secondes plus tard, sur les galets glacés de la plage déserte, gît sous les yeux effarés de Jamal le corps inerte de l'inconnue.
A son cou, l'écharpe rouge.
De Michel Bussi, j'avais lu Nymphéas noirs, Prix Polar Michel Lebrun 2011, que j'avais plutôt bien aimé. Je n'avais pas récidivé dans la lecture de cet auteur français devenu « bankable » et qui a su se hisser au top des meilleurs ventes avec plusieurs best-sellers.
N'oublier jamais, qui fait beaucoup causer pour son titre (faute, pas faute, c'est bien un infinitif, c'est bien dans cet ordre-là – et non pas « ne jamais oublier », c'est bien énoncé dans le roman mais ça convainc peu), est un polar efficace dans le genre : le lecteur est happé et veut savoir, donc tourne les pages sans s'en rendre compte. De ce point de vue-là, ça fonctionne : je l'ai lu en 2 soirées.
Maintenant rarement je n'ai autant eu envie de bondir aux renversements qui me sont proposés : si l'on se doute bien que le héros malheureux est manipulé et que l'on cherche à savoir par qui et pourquoi, la mise en scène trouvée est quand même grand-guignolesque et vraiment trop tirée par les cheveux. Je veux bien entendre que plus c'est gros plus ça passe ou que la crédibilité n'est pas l'élément essentiel dans un polar, il ne faut quand même pas se moquer du monde. C'est dommage, car cela a vraiment tout gâché pour moi.
Les deux dernières parties (Exécution, Révision) qui apportent de nouveaux renversements (il y a toujours un dernier retournement de dernière minute sinon c'est pas drôle) sont déjà plus réalistes, quoique... au moins ça passe mieux que la partie centrale (Jugement). A trop vouloir en faire ? Déception en tout cas pour ma part, qui tient aux choix faits dans l'intrigue.
Ça reste un bon bouquin détente, si on en accepte les règles.
(et c'est moi où il y a vraiment une erreur à cet endroit-là (page 64 de la version numérique, à la fin du chapitre 8 : « Depuis, j'ai beaucoup repensé au regard de Denise quand je lui avais parlé du suicide de Morgane Avril. Ce regard où je lisais sa consternation de me découvrir aussi naïf... » Morgane Avril ? A cette étape du roman ça ne peut être que Magali Verron, non ? Je renonce à relire tout le début, mais cela m'a interpellée)
Ed. Presses de la Cité, mai 2014, 504 pages, prix : 21,90 €
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Crédit photo couverture : © Thierry Sestier / Presses de la Cité