Les jardins d'Hélène

Ce qu'il nous faut c'est un mort – Hervé Commère

11 Mars 2016, 14:01pm

Publié par Laure

Ce qu'il nous faut c'est un mort12 juillet 1998, la France est championne du monde de football, le pays est en liesse. Sur une route en bord de corniche, trois jeunes hommes en voiture renversent une femme accidentellement et prennent la fuite. La victime n'est pas morte mais restera lourdement handicapée, les familles des trois jeunes étoufferont l'affaire. Au même moment à Nancy, une jeune femme est violée. Qu'est-ce qui scelle un destin, que choisit-on vraiment dans la vie ?
 
Dix-huit ans plus tard, dans ce village de Vrainville en Normandie, tous sont toujours là, le secret enfoui au plus profond des mémoires. Jusqu'à un ce qu'un mort vienne perturber ce qui semblait bel et bien enterré et réveille un conflit social qui se noie dans l'indifférence des médias.
 
Ne cherchez pas un polar classique ni un page-turner à la surenchère outrancière, vous seriez déçus, en revanche, Hervé Commère offre ici un roman social dense et passionnant, très bien construit, par des retours en arrière et des personnages tous très fouillés. Rien n'est gratuit et tout s'imbrique, même si le personnage clé du roman, au fond, c'est peut-être et avant tout l'usine de lingerie Cybelle, cœur de l'emploi dans le village. De l'entreprise familiale aux valeurs humanistes au projet de rachat froid par un fonds de pension, c'est bien de notre société actuelle dont il est question.
L'auteur brouille un peu les pistes mais l'enjeu est aussi celui du choix que l'on peut être amené à faire dans la vie, et de l'assumer.
 
Dans ses remerciements l'auteur cite l'excellente collection de Pierre Rosanvallon, « Raconter la vie », aux éditions du Seuil, et l'exemple des ouvrières de l'usine Lejaby, en effet, le roman social prend de toute évidence ici le pas sur le polar annoncé dans une collection « thriller ». Passé cet écart surprenant, c'est un très bon roman à lire en connaissance de cause.
 
 
Fleuve éditions, mars 2016, 400 pages, prix : 19,90 €
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Crédit photo couverture : fleuve éd.
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V
Je viens de le finir car il est dans le prix Elle. Tu as raison, ce n'est pas un page turner classique mais c'est un page turner tout de même (enfin pour moi, il le fut).
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