Sortie de classes - Laurent Torrès
Julien est enseignant dans un collège de banlieue parisienne. Il raconte le quotidien avec les élèves, la difficulté des enseignants à les motiver, leur attention néanmoins envers chacun, et la volonté d'essayer de les aider, même si la communication avec les familles est souvent vaine.
En parallèle, Julien se souvient de sa propre scolarité, de son camarade Louis, brillant élève par là-même décalé, à qui il s'était attaché. Dans sa propre classe aujourd'hui en tant qu'enseignant, il y a Sofiane, cet élève qu'il aimerait aider sans y parvenir. Sofiane et Louis, deux élèves que la différence écarte et rassemble à travers les années.
Un roman désabusé qui dit bien toute la difficulté de l'école et de sa maison-mère, l’Éducation Nationale, aujourd'hui.
Ce premier roman souffre des poncifs habituels de l'exercice : un récit plus ou moins autobiographique, qui peine à basculer dans la fiction réellement, mais qui s'inscrit bien en tant que roman. Un héros solitaire, dépassé, tant par son métier que par sa vie sentimentale, ou plus exactement son absence.
S'il pose un constat assez déprimant sur le collège aujourd'hui, il ne donne pas de clés, il s'attache plutôt à en faire un récit très personnel, avec une large part consacrée au passé, et au déterminisme social qui lui ne s'estompe pas. Déculturation, inadaptation de l'école, errance sentimentale, c'est un portrait très désenchanté que dresse l'auteur.
Il n'a pas manqué de me faire bondir quand il se plaint des heures tardives des rencontres avec les parents d'élèves, placées à 17h et 18h. Mais bien sûr, tous les salariés quittent leur job à 16h pour être au collège à 17h, c'est bien connu. Et dans l'établissement de ma fille, on met au centre du discours le dialogue avec les parents, avec des rencontres à 17h, quand en zone rurale, 97% des élèves prennent le car scolaire faute de parents disponibles à la sortie à cette heure-là. Hum.
Heureusement qu'il reste toujours des enseignants qui ont la pêche, et bien du courage de garder intacte leur motivation.
« Sortie de classes » est à lire davantage comme un roman sur les liens passés d'une amitié scolaire que comme un roman sur l'école, où d'autres témoignages ou essais plus pertinents ne manquent pas.
(Lu en juillet 2016)
Albin Michel, août 2016, 268 pages, prix : 18 €
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Crédit photo couverture : © éd. Albin Michel