Soixante jours – Sarah Marty
Ils sont quinze kurdes, hommes et femmes, avec des enfants et un bébé, à fuir la Turquie en guerre, en prise avec un passeur qui leur vend du rêve à prix d’or et ne leur fera connaître que des situations inhumaines. Le voyage qui devait durer cinq jours en durera soixante, et il est parfois bien difficile de lire l’accumulation à peine croyable de ce que ces hommes et ces femmes ont enduré.
Le groupe est porté par Yoldas, un maçon, qui racontera son histoire à l’auteure quand il se trouvera chez elle à reconstruire un mur en région parisienne.
Cette histoire vraie est si effroyable qu’elle ne peut qu’induire un autre regard sur les migrants.
Incontournable sur ce sujet.
Extrait p. 129 : « - Comment tu fais, toi ? lui demande Cevdet. Il y a une force en toi, quelque chose d’indéfinissable.
Yoldas sourit, son regard se perd.
- Elle est en moi.
Cevdet cherche et attrape son regard. Il ne veut rien perdre de lui.
- Qui est en toi ?
- une femme qui m’attend quelque part, une femme que je ne connais pas, mais qui aimera l’homme que je suis.
Cevdet rit.
- C’est tout ? Juste le rêve d’une histoire d’amour !
- Oui, mais c’est l’amour qui tient les hommes debout, Cevdet, et c’est la haine qui les fait tomber. Il ne faut jamais oublier ça. »
Denoël, mai 2018, 277 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-207-14225-7
Crédit couverture : © Constance Clavel / photo : Martins Zemlickis / Unsplash