La mort rose - Jaume Pallardo
Traduit de l'espagnol par Hélène Dauniol-Remaud
Une épidémie de fièvre rose sévit. Des gens vivent confinés, télétravaillent, donnent et suivent des cours en visio, et ne sortent qu'en respectant de lourds protocoles sanitaires et de désinfection. Les médias ressassent les infos et les autorités mettent leurs meilleurs chercheurs sur l'élaboration d'un vaccin contre ce virus létal. ça vous rappelle quelque chose ? Oui, mais non. Car cette BD a été écrite entre 2017, c'est-à-dire avant l'épidémie de Covid-19, puis traduite et publiée en France en 2022.
C'est troublant, et pourtant il s'agit bien d'une dystopie visionnaire.
La nourriture a été remplacée par des boissons et des barres énergétiques contenant tout ce dont le corps a besoin, et seuls les ministres et les très riches peuvent encore manger de la vraie nourriture naturelle.
Au centre de cette ville on rencontre Miguel, qui vit seul, ne sort qu'en combinaison, masqué, apeuré et respectueux des consignes. Mais il rencontre Gloria, qui va l'entraîner dans un lieu où les plaisirs et les interdits résistent. Tout y est, jusqu'à la secte secrète complotiste, persuadée que le virus n'existe pas.
On ne peut pas lire cette BD de la même façon en 2023 qu'à sa parution avant Covid, c'est évident. Anticipation, bad trips, autoritarisme, résistance, l'univers créé par Jaume Pallardo n'est pas si éloigné d'une actualité bien réelle.
Le dessin joue sur la bi-chromie, noir pour les scènes d'intérieur, rose pour les scènes d'extérieur, puisque le virus qui sévit se nomme la fièvre rose. Triste monde si proche.
La Cafetière, mars 2022, 255 pages, prix : 29 €, ISBN : 978-2-84774-029-5
Crédit photo couverture : Jaume Pallardo et éd. La Cafetière