La dernière reine - Jean-Marc Rochette
Bien que je ne sois pas spécialement fan du dessin et des couleurs sombres de Rochette, j'avoue que la force du scénario m'a emportée et que les planches sont bien évidemment à la hauteur de son ambition.
Un travail de construction sur le temps, de la préhistoire aux années 1920, du Vercors à Paris et retour, autour de la dernière reine, dernière ourse tuée en 1898 sous les yeux du jeune héros, Édouard Roux. Édouard et les ours, c'est une histoire de nature, de vie, de lien entre l'homme et l'animal. Gueule cassée dans les tranchées en 1916, il fera la rencontre de Jeanne Sauvage, artiste qui fabrique des masques spécialement pour ces soldats défigurés, mais aussi sculptrice talentueuse. Il l'emmènera dans sa montagne iséroise où ils vivront une tragique et belle histoire d'amour.
Une histoire forte, aux thèmes multiples, sur la chasse à l'ours et à l'homme, l'appât du gain, l'oubli de la nature et la bêtise humaine.
p. 36 : "tant que dans la montagne régneront les ours, le soleil se lèvera le matin. Mais au soir où mourra la dernière reine... alors, ce sera le début du temps des ténèbres."
Grandiose, romantique, et triste.
Le personnage de Jeanne Sauvage est inspiré de Jane Poupelet (1874–1932), sculptrice animalière qui réalisa des masques pour les victimes des tranchées en 14-18.
Casterman, octobre 2022, 238 pages, prix : 30 €, ISBN : 978-2-203-20835-3
Crédit photo couverture : Jean-Marc Rochette et éd. Casterman