Les fruits du myrobolan - Marco Martella
Écrivain-jardinier d’origine italienne, Marco Martella s’est installé dans la campagne briarde il y a plus de vingt ans, et c’est un récit tout en délicatesse qu’il en présente : dix chapitres à la rencontre des hommes et des arbres, de la nature et des myrobolans en particulier.
Ce qui en surgit, c’est une sérénité paisible dans le foisonnement du monde, le cheminement d’une pensée qui s’intéresse au vivant, qu’il soit végétal ou humain. La langue est superbe, poétique, classique, soignée.
Une parenthèse hors du temps, apaisée et apaisante.
extraits:
p. 24-25 : “Je cueillis un fruit et je le portai à ma bouche, méfiant, comme c’est souvent le cas quand on mange un fruit poussant spontanément dans la nature. Je ne peux pas dire que sa saveur un peu âcre me plut. Il fallut que j’en mange un autre, puis encore un autre avant de comprendre : le goût du fruit du myrobolan était celui qu’ont les choses libres et sauvages, un goût austère mais doux, réconfortant même et étrangement familier.
Mon ami me regardait en souriant. A un certain moment je l’entendis marmonner quelque chose, le genre de phrases énigmatiques qu’il prononçait parfois pour lui-même. “Les fruits du silence… Les seuls qui comptent”, ou quelque chose comme ça.”
p. 59 : “Je sais que dans le monde qui vient de naître, ce monde technologique, virtuel et tellement bavard qui n’est pas celui dont on rêvait, la littérature ne sert plus à rien. Si l’homme qu’elle présupposait et auquel elle s’adressait n’est plus, elle n’a plus de raison d’être.”
p. 172 : “Je songeais à tout ce qui nous reste de beau et de précieux dans le désert que devient le monde, à quel point il importe de le reconnaître comme tel, même s’il n’y a plus que des restes, et le mettre à l’abri.”
Actes Sud, coll. un endroit où aller, mai 2023, 183 pages, prix : 20 €, ISBN : 978-2-330-17994-6
Crédit photo couverture : © éd. Actes Sud