Le garçon en pyjama rayé - John Boyne
Traduit de l’anglais par Catherine Gibert.
La page de titre indique clairement « une fable » de John Boyne.
La quatrième de couv dit qu’il faut aborder ce roman sans savoir de quoi il parle. On dit juste que c’est « une lecture d’une force inoubliable » et que c’est conseillé à partir de 12 ans.
Pour quiconque en a déjà lu des critiques, on se souvient du parallèle fait avec le film de Benigni, la vie est belle, donc on sait d’emblée à quel sujet on a affaire, et on imagine une approche décalée. Elle l’est.
Bruno, 9 ans, est désespéré de devoir quitter sa belle maison de Berlin pour une maison plus petite et moins luxueuse, dans un endroit triste et sale, à « Hoche-Vite ». C’est pas parce que son père a une super promo qu’il doit imposer ça à sa famille ! Et puis qui c’est ce « Fourreur » qui vient dîner à la maison ?
Haut dirigeant nazi, le père emmène donc sa famille avec lui, sa femme, ses deux enfants Bruno et Gretel, leur bonne Maria et le cuisinier Pavel. Bruno aime jouer à explorer et seul dans sa nouvelle habitation, il se demande qui sont tous ces gens en pyjamas rayés qu’il voit depuis sa chambre, de l’autre côté de la barrière. Un jour, il sympathise avec Schmuel, un petit garçon né exactement le même jour que lui, mais un petit garçon triste et maigre, en pyjama rayé de l’autre côté du grillage… Une amitié forte va se nouer, jusqu’à la fin…
On ne peut rester insensible au point de vue adopté, à savoir l’innocence de Bruno, qui se plaint sans cesse de sa nouvelle condition à son ami Schmuel, sans savoir ni comprendre ce qui se passe de l’autre côté. On passera quelques invraisemblances (un an de rencontres de part et d’autre du grillage facile à soulever) pour s’attacher à la force du contraste de l’horreur ignorée ou racontée pudiquement par deux jeunes garçons. On verra en trame de fond aussi le chancellement d’une famille où quelques uns se désolidarisent, on trouvera la fin terrible et néanmoins bien trouvée dans cette fiction.
L’auteur est irlandais, né en 1971, et bien qu’il se soit ouvert d’avoir écrit une fiction, le contexte historique est bien évidemment réel. (C’est dit en fin d’ouvrage pour ce livre, rappelons-le, destiné à la jeunesse, mais qui pourra bien sûr se lire à tout âge).
Les dernières lignes sont les suivantes : « Et c’est ainsi que se termine l’histoire de Bruno et de sa famille. Tout cela s’est passé il y a fort longtemps, bien sûr, et rien de semblable ne pourrait plus jamais arriver. Pas de nos jours. »
De semblable, non. Mais du même genre ? On aimerait croire au « plus jamais ».
L’avis de Cuné , de Clochette et de Sylvie (passion des livres)
Réédition prévue en Folio Junior pour le 23 août 2007, ce qui explique l'indisponibilité actuelle sur les sites marchands.
Folio junior n°1422, sept. 2006, 204 pages
Ma note : 4/5
Crédit photo couverture : Gallimard jeunesse / Folio Junior